Dans son rapport publié jeudi 25 avril, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’inquiète de l’effet néfaste que pourrait avoir la robotisation sur l’emploi.
Malgré tout, l’OCDE reste nuancée, et souhaite faire le tri entre les inquiétudes légitimes et les peurs excessives. Elle veut réconcilier les techno-optimistes, convaincus que le progrès technologique apportera le meilleur, en créant un monde où les robots occuperont les tâches les plus ingrates, et les techno-pessimistes, qui redoutent une destruction massive de l’emploi, la pauvreté et les conflits de classes.
Stefano Scarpetta, économiste au sein de l’organisation se veut rassurant : « Nous ne croyons pas au scénario catastrophe. Pour autant, les politiques choisies par les gouvernements seront déterminantes pour limiter le nombre de travailleurs exclus dans le futur. »
Nouveaux emplois
Dans les vingt prochaines années, l’automatisation des tâches devrait faire disparaître environ 14 % des emplois dans les pays de l’OCDE (les études les plus pessimistes prédisent 50 %, voire plus).
Mais l’évolution technologique ne se contente pas de détruire, elle crée aussi. « Quatre emplois sur dix créés cette dernière décennie l’ont été dans des industries où l’usage du digital est élevé », note le rapport de l’OCDE. Donc, « dans beaucoup de pays, il n’y a jamais eu autant de personnes d’âge actif qui travaillent depuis l’après-guerre », explique monsieur Scarpetta.
Par exemple, le taux d’emploi était de 68,6 % fin 2018, contre 65 % début 2015, et le taux de chômage est tombé à 7,8 % en février dans la zone euro. De plus, nombre de pays tels l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas sont désormais confrontés à une pénurie de main-d’œuvre.
Polarisation du travail
Seulement voilà, le réel problème est que « le marché du travail s’est polarisé », explique monsieur Scarpetta, c’est-à-dire que les emplois se sont regroupés aux « deux extrémités » : la part des postes peu et très qualifiés a augmenté, tandis que celle des moyennement qualifiés a rétrécit.
Cela tient essentiellement à l’essor des secteurs du tertiaire et des technologies de pointe. Dans le tertiaire l’emploi a progressé de 27 % en vingt ans, or, les contrats précaires et les postes peu qualifiés sont fréquents dans les services. A l’inverse, le secteur des nouvelles technologies a entraîné la création de postes très qualifiés, mais en quantité insuffisante pour répondre a la demande.