Mercredi 10 avril, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a remis un rapport invitant les établissements bancaires français à se préparer plus activement aux risques liés à la transition climatique. « Certains établissements, que l’on qualifie d’“avancés” dans cette étude, ont commencé à développer certaines métriques destinées à piloter une “décarbonation” progressive de leurs portefeuilles », admet l’ACPR, en rappelant que « le chemin parcouru apparaît toutefois bien modeste au regard des enjeux ».
Disparité entre les banques
Les établissements bancaires français n’ont pas tous la même approche pour prévoir le changement climatique.
Pour les groupes exerçant des activités de banque de financement et d’investissement à l’international, les risques climatiques sont désormais partie intégrante des risques financiers. Par contre, les banques essentiellement tournées vers le marché français n’accordent pas suffisamment de moyens à « ces problématiques qui ne sont pas encore considérées comme prioritaires du fait de leur manque de matérialité immédiate ».
Double menace
Les banques françaises estiment que renoncer au financement des filières émettrices de gaz à effet de serre pourrait nuire à leur réputation, et que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Pourtant les risques sont bien réels.
Tout d’abord, il y a le risque de pertes directes causées par les phénomènes climatiques. Les banques françaises n’y prêtent pas attention, car 75 % de leurs expositions sont localisées au sein de l’Union européenne, une zone tempérée peu touchée par le changement climatique.
Mais il y a aussi le risque d’une transition abrupte vers une économie bas carbone. L’ACPR met en garde contre « une exposition significative au risque de transition ». Le secteur des énergies fossiles, par exemple, pourrait souffrir d’une forte dépréciation, entraînant de grandes perturbations sur les marchés financiers, et dans les banques.
« Des entreprises pourraient voir leur activité s’effondrer. Il ne faut pas oublier que l’âge de pierre ne s’est pas terminé faute de pierres », observe finement Patrick Montagner, secrétaire général adjoint de l’ACPR.