Alors que l’Union européenne vient d’ériger la Chine en « rival systématique », le Portugal, lui, se dit très heureux avec les investissements chinois. Il vante sa relation privilégiée avec Pékin, qui reposerait sur une histoire commune, et surtout, sur l’attractivité de l’économie portugaise.
Amis de longue date
Au Portugal, on est fier de « l’amitié spéciale » qui lie les deux pays. « Vasco de Gama a été le premier à ouvrir la route maritime de l’Europe vers l’Asie en 1497. Nous sommes le seul pays au monde à entretenir des relations continues depuis cinq cents ans avec la Chine », rappelle Rui Lourido, historien, président de l’Observatoire de la Chine.
Bien plus tard, en 1999, la rétrocession par Lisbonne de Macao à Pékin, sous administration portugaise depuis 1557, s’est déroulée dans le calme. « Nous travaillons avec les Chinois depuis longtemps, nous comprenons leur fonctionnement », assure Ilidio de Ayala Serodio, PDG de l’entreprise Profabril, présente à Macao depuis quarante ans.
« Présents dans presque tous les secteurs »
« Nous sommes une économie ouverte et sommes fiers de notre attractivité », explique le Premier ministre socialiste Antonio Costa, pour qui la nationalité des investisseurs importe peu, « tant qu’ils respectent les lois et la souveraineté portugaise ».
« Disons-le clairement : nous sommes très heureux avec les investisseurs chinois et nous les accueillons à bras ouverts », ajoute Luis Castro Henriques, président de l’Aicep, l’Agence pour l’investissement et le commerce extérieur.
Depuis 20 ans, la Chine a investi plus de 6 milliards d’euros au Portugal, selon le cabinet Rhodium Group, auxquels s’ajoutent 3 milliards d’euros injectés par des particuliers chinois dans l’immobilier local, somme correspondant à 3% du produit intérieur brut (PIB). A titre de comparaison, la part chinoise est : en Grèce de 1 % du PIB (1,9 milliard d’euros), en Espagne de 0,37 % du PIB (4,5 milliards), en Italie de 0,9 % du PIB (15,3 milliards), et en de France 0,6 % du PIB (14,3 milliards).
Et à titre d’exemple, State Grid Corporation of China possède 25 % du capital de REN, le gestionnaire du réseau électrique, alors que China Three Gorges (CTG) détient 23,37 % d’EDP, l’électricien portugais. De même, le groupe privé chinois Fosun, premier actionnaire de la BCP, la plus grosse banque portugaise, possède 85 % de Fidelidade, le premier assureur du pays, qui détient lui-même le groupe hospitalier Luz Saude.
« Aujourd’hui, les Chinois sont présents dans presque tous les secteurs », résume Philippe Le Corre, spécialiste de l’Asie à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.