Alors qu’en 2018 Free offrait des forfaits mobiles à 1 euro par mois pendant un an, et que SFR comme Bouygues Telecom commercialisaient des abonnements à vie pour 5 euros par mois, depuis 2019, toutes ces offres alléchantes ont disparu. « Il y a eu une certaine prise de conscience et donc une accalmie tarifaire », explique Thomas Coudry, analyste chez Bryan Garnier.
Retour à la raison
La fureur commerciale qui s’est emparée du marché des télécoms en 2018 a gravement dégradé la situation financière des opérateurs, avant qu’ils ne reviennent à la raison, début 2019. Au premier trimestre, leur situation commence déjà à s’améliorer.
Bouygues Telecom, qui gagne des clients dans le fixe et le mobile sans sacrifier ses prix, est l’opérateur qui s’en sort le mieux, avec un chiffre d’affaires progressant de 13,3 %, à 1,45 milliard d’euros.
Altice, le propriétaire de SFR, commence aussi à remonter la pente. Malgré l’abandon des offres à 5 euros, « Altice a pris des parts de marché à Orange et Iliad pour le cinquième trimestre consécutif », révèlent les analystes de CreditSights.
Pour Free aussi, les résultats sont encourageants, avec une hausse des ventes de 0,2 %. « Les résultats sont encourageants même s’il est trop tôt pour crier victoire », estime Thomas Coudry.
Orange, en revanche, voit son chiffre d’affaires décliner de 1,8 %, à 4,4 milliards d’euros au premier trimestre, en majeure partie à cause des offres low cost Sosh, qui ont amoindri les revenus. Mais Orange reste quand même « le mieux placé pour affronter les difficiles conditions du marché français », estime CreditSights.
Difficile ménage à quatre
La tendance actuelle montre que la cohabitation à quatre est possible, mais elle l’est uniquement car chaque opérateur à ses points faibles.
Free, en raison de la mauvaise qualité de son réseau, perd des abonnés dans le mobile et dans le fixe, Bouygues Telecom, à cause de ses moyens limités, peine à se lancer dans la course à la fibre et à la 5G, et Altice, pour sa part, supporte toujours une dette de 30 milliards d’euros.
Mais « dès qu’il y aura un décalage dans les parts de marché, la guerre des prix repartira », prévient Sylvain Chevallier, de BearingPoint.