Dès 1995, l’enseigne française a su se faire une place dans l’Empire du Milieu, mais aujourd’hui, confronté à des pressions aussi bien externes qu’intérieures, le groupe doit se recentrer sur l’hexagone.
« Famille, joie, fortune »
A son arrivée en Chine, il y a vingt-quatre ans, Carrefour a joué finement, notamment en traduisant son nom en phonétique chinoise grâce aux trois caractères « Jia Le Fu », sonnant le plus comme le mot français « carrefour ». Un choix doublement gagnant, puisque « Jia Le Fu » signifie littéralement « famille, joie, fortune », des termes très positifs dans la culture chinoise. Carrefour faisait même office de précurseur dans ce pays où la distribution était assurée soit par de petits commerces, soit par des groupes d’Etat aux prix fixés par le pouvoir.
Mais aujourd’hui Carrefour est en difficulté en Chine, et le groupe va vendre 80 % des parts de sa filiale chinoise Carrefour Chine à Suning, le « Darty chinois ». « Le prix pour l’acquisition de 80 % des titres de Carrefour Chine est de 4,8 milliards de renminbi, soit 620 millions d’euros, et valorise au total Carrefour Chine pour 1,4 milliard d’euros », a annoncé Carrefour, dimanche 23 juin, dans un communiqué. Le groupe garde tout de même deux sièges sur sept au conseil de surveillance de Carrefour Chine, mais l’accord prévoit que les 20 % restants seront vendus ces quatre prochaines années.
Phénomène mondial
Carrefour est loin d’être le seul à devoir se replier, à l’image d’autres groupes français, tels Auchan et Casino, mais aussi anglo-saxons, comme le britannique Tesco ou l’américain Walmart, très implantés en Inde et en Afrique. Ce replie est dû à un contexte nouveau, dans lequel ces grandes enseignes doivent faire face à des acteurs locaux, comme Leclerc ou Intermarché, mais aussi aux géants de l’internet, tel Amazon.