Alors que la situation de l’alliance ne cesse de se dégrader depuis l’arrestation de son ancien patron, Carlos Ghosn, le 19 novembre 2018, la tension est encore montée d’un cran ce week-end entre les deux alliés.
Renault craint d’être marginalisé
Ce dernier échange tumultueux a été engagé par une lettre adressée par Jean-Dominique Senard, président de Renault, au PDG de Nissan, Hiroto Saikawa, vendredi 7 juin. Dans ce courrier, monsieur Senard informe son homologue japonais que Renault, en tant que premier actionnaire de Nissan, ne votera pas lors de l’assemblée générale du groupe le 25 juin. Une décision qui aura pour effet de bloquer la réforme engagée par Nissan sur le changement de sa gouvernance, censée instaurer un système à trois comités : des rémunérations, des nominations et de l’audit.
« Après réflexion et analyse, nous sommes attentifs au fait que le système à trois comités ne soit pas utilisé comme un outil dirigé contre le principal actionnaire de Nissan, déclare monsieur Senard. Nous croyons fermement que les droits de Renault en tant qu’actionnaire à 43,4 % de Nissan doivent être pleinement reconnus et qu’un minimum d’un ou deux administrateurs proposés par Renault devraient être membres de chacun des trois comités. Tel que c’est pour le moment proposé, cela ne semble pas être le cas. »
Nissan crie à la trahison
« Nissan juge extrêmement regrettable la nouvelle position de Renault sur ce sujet, car cela va à l’encontre des efforts de la société pour améliorer sa gouvernance », a réagi Hiroto Saikawa, lundi 10 juin.
« Pour les hauts dirigeants de Nissan, c’est une trahison, observe un spécialiste de l’économie nipponne. Cette refondation est le résultat d’un long travail du comité spécial pour l’amélioration de la gouvernance, mis en place après l’affaire Ghosn et approuvé par les représentants de Renault. Deux objectifs fondamentaux ont été définis pour tâcher de ne pas renouveler les erreurs qui ont conduit à la crise actuelle : éviter la concentration des pouvoirs et prévenir les conflits d’intérêts. Dans cette logique, les dirigeants opérationnels de Renault et de Nissan ne peuvent donc être membres d’aucun des trois comités, pas plus Thierry Bolloré qu’Hiroto Saikawa. »