Mardi 4 juin, lors des Etats généraux du livre se tenant à la Maison de la poésie à Paris, le Conseil permanent des écrivains a réclamé que le montant minimum de droits d’auteur soit fixé à 10 %.
Les écrivains dénoncent le fait que « celui qui crée l’œuvre et qui apporte la valeur intrinsèque du livre, c’est-à-dire l’auteur, soit celui qui touche le moins ». Selon un rapport d’Hervé Gaymard publié en 2009, l’auteur n’obtiendrait, en moyenne, que 8 % du prix public d’un ouvrage, alors que le fabricant touche 15 %, le distributeur 20 %, l’éditeur 21 % et le libraire 36 %.
Exemple allemand
« Il faut une médiation du ministère de la Culture, sinon on n’y arrivera jamais », assure Marie Sellier, présidente de la Société des Gens de Lettres (SDGL). « Nous avons déjà essayé par le biais d’une négociation interprofessionnelle, mais les éditeurs estiment que ce n’est pas possible, faute d’être soupçonnés d’entente. »
Pourtant, en Allemagne, cela existe et fonctionne, et ce depuis 2015, explique madame Sellier. La loi fédérale sur le droit d’auteur de 1965 a été modifiée par l’introduction d’un droit à une rémunération équitable pour les auteurs, qui prévoyait la négociation d’un accord professionnel destiné à en fixer les barèmes. Cet accord a donc été signé entre le syndicat des auteurs allemands et la plupart des maisons d’édition, pour fixer la rémunération des auteurs à 10 % du prix du livre vendu.
« De moins en moins nombreux à vivre de leur plume »
Olivia Guillon, maître de conférences en économie à l’université Paris-XIII, déclare avoir constaté « une fragilisation de la situation économique des auteurs sur une période longue, depuis des années, même des décennies ». Pour elle, « la moyenne des revenus des auteurs baisse et ils sont de moins en moins nombreux à vivre de leur plume ».
Toutefois, madame Guillon précise que la mauvaise situation des auteurs n’est pas uniquement liée à cette question de revenu minimum. D’autres facteurs sont à considérer, comme, par exemple, « la fragilisation de la monétisation de la valeur avec le livre numérique ou la baisse du marché de l’édition ».
L’universitaire rappelle aussi que « le livre fait partie des secteurs dominés par l’aval : c’est la distribution qui en est le maître du jeu et dicte à l’amont, donc aux fournisseurs de contenus, des relations contractuelles qui ne sont pas à leur avantage ».