Lundi 19 août, l’observatoire de la société de gestion Janus Henderson a publié une étude selon laquelle les dividendes versés par les 1200 plus grandes entreprises cotées mondiales ont atteint le montant record de 513,8 milliards de dollars. Pour toute l’année 2019, cette somme devrait atteindre 1430 milliards de dollars.
Conséquence de la crise
« Après la crise, les entreprises ont d’abord amélioré leurs résultats financiers. Puis, dans un second temps, cela s’est traduit par le versement des dividendes, ce qui explique les fortes croissances, explique Ben Lofthouse, responsable des gestions actions chez Janus Henderson. Aujourd’hui, c’est l’heure de la stabilisation, même si c’est bien plus fort que l’inflation. »
En effet, en 2018, les dividendes avaient fait un bond de 14,3 % au deuxième trimestre, et même si le montant est record cette année, l’augmentation des dividendes commence tout de même à stagner.
L’Europe à la traîne
Ce ralentissement est d’autant plus visible en Europe, où les dividendes ont chuté de 5,3% au deuxième trimestre. « La croissance de l’Europe a été à la traîne par rapport au reste du monde au cours des dernières années, du fait, notamment, de la faiblesse de l’euro », note Janus Henderson.
Toutefois, tous les pays européens ne sont pas logés à la même enseigne, rappelle la société de gestion, prenant la France en exemple : « De loin le plus grand payeur de dividendes en Europe, elle (la France) a vu leurs montants atteindre 51 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre, un nouveau niveau historique ».
« La capitalisation des grandes entreprises françaises est bien supérieure à celles des allemandes, en Europe. De ce fait, il n’est pas étonnant qu’elles dégagent, en volume, le plus de dividendes », estime Pascal Quiry, professeur à HEC.
Plus pour les actionnaires, moins pour les salariés
« Les pays du G7 mettent en place des politiques qui favorisent le versement de dividendes, notamment au détriment des salaires », regrette Quentin Parrinello, d’Oxfam France.
Et pour Maxime Combes, membre d’Attac, ces chiffres records illustrent parfaitement « les politiques qu’il faut transformer aujourd’hui pour financer l’intérêt général plutôt que rémunérer les actionnaires ».