Dernières nouvelles du front de l’emploi

Dernières nouvelles du front de l’emploi

Les statistiques sont tombées vendredi : entre avril et juin, le solde de création d’emploi dans le privé mesurée par l’INSEE s’élevait à 62 100 postes. Un chiffre en légère baisse par rapport au premier trimestre, mais qui porte à 17 le nombre de trimestres consécutifs durant lesquels l’économie française a créé davantage d’emplois qu’elle n’en a détruits. 

Les économistes le considèrent comme le meilleur indicateur du dynamisme du marché du travail. Selon l’état d’esprit, on pourra choisir de titrer, comme BFMTV sur le ralentissement des créations d’emploi dans le privé ou bien, comme les Echos, sur le fait qu’elles continuent de progresser. 

Le fait est qu’après un premier trimestre particulièrement actif, cette hausse de 0,3 % pourrait avoir un effet légèrement déceptif. Concrètement, c’est 30 000 créations d’emploi de moins enregistrées par l’INSEE. C’est qu’entre temps, la croissance a légèrement fléchi, passant de 0,3 à 0,2 %, en raison d’une baisse de la consommation des ménages.  

Si la prudence reste de mise, dans la mesure où les chiffres publiés vendredi sont susceptibles d’être corrigés (au premier trimestre, ils l’avaient été à la hausse de 60%), les plus optimistes préfèrent noter la constance de la progression depuis le printemps 2015. Si l’estimation « flash » est confirmée, notent les Echos, « ce sont près de 160.000 emplois salariés qui auront été créés dans le privé entre janvier et juin de cette année, soit quasiment  autant que sur tout 2018 . »

Qu’est-ce qui explique cette bonne tenue de l’emploi privé, alors que le chômage, lui, peine à baisser ? 

Les services, plus gros pourvoyeurs d’emplois nouveaux  

D’abord la bonne santé des services marchands, qui représentent la majeure partie des emplois créés avec plus de 47 000 postes. La construction s’en sort également très bien, avec une hausse de 0,7% au deuxième trimestre. 

Le secteur intérimaire, le plus sensible aux aléas de la conjoncture, connaît pour sa part un ralentissement significatif à 0,1% contre 1,3 au premier trimestre. L’industrie aussi est à la peine, mais pour des raisons plus conjoncturelles, avec seulement 3 000 postes supplémentaires. On peut toutefois se féliciter de voir s’afficher un solde toujours positif dans un secteur habitué aux destructions d’emploi depuis près de vingt ans. 

Quoi qu’il en soit, ces chiffres sont en phase avec les prévisions de l’INSEE, qui tablait dans sa dernière note de conjoncture sur 213 000 emplois dans le secteur privé marchand non agricole pour 2019. Soit plus que l’année dernière, et moins qu’en 2017, mais pas de beaucoup, perspective surprenante dans la mesure où la croissance à l’époque était bien plus élevée. 

Effet des réformes successives sur l’emploi 

Sollicité par le Figaro, Emmanuel Jessua, directeur des études à Rexecode, s’étonne d’un niveau de « créations de postes particulièrement haut par rapport à la faiblesse de la croissance ». Et l’expert de conclure : « Nous avons une croissance riche en emplois. »

Emmanuel Lechypre, dans sa chronique pour BFM Business, y voit les effets des réformes successives du marché du travail, qui ont rendu les embauches « moins chères » et ont atténué la « peur de recruter » chez les chefs d’entreprise. La crainte aujourd’hui serait plutôt de ne pas trouver à embaucher, un facteur qui expliquerait en partie la propension des recruteurs à embaucher avec un moindre niveau d’exigence. 

Contrepartie de cette tendance à recruter plus facilement, surtout s’il s’agit d’emplois peu qualifiés : de plus faibles niveaux de productivité, phénomène qui, à terme, pourrait entrainer d’autres problèmes. 

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