Mardi 30 juillet, l’institut Rosstat a publié ses statistiques officielles révélant que le nombre de pauvres en Russie était passé de 20,4 millions au premier trimestre 2018, à 20,9 millions au premier trimestre 2019, soit une augmentation de 500 000 nouveaux pauvres en un an.
Risque d’« explosion sociale »
En Russie, les pauvres se trouvent principalement dans les villes de province, surtout parmi les travailleurs ayant des proches à charge. Leur concentration est également très forte dans les zones rurales, mais là, leurs difficultés sont atténuées grâce au mode de vie autosuffisant que les gens adoptent. Il faut également préciser que les retraités ne constituent plus le groupe majoritaire parmi les pauvres, comme c’était le cas avant.
Vladimir Poutine a pourtant engagé une politique de « projets nationaux », qui prévoit des investissements massifs dans des infrastructures qui profiteront aux plus pauvres, et créeront par la même de nouveaux emplois, mais la hausse parallèle de la TVA de 18 % à 20 % en 2019 a annulé les effets bénéfiques de cette politique.
Alexeï Koudrine, président de la Cour des comptes, s’est inquiété des risques d’« explosion sociale » liés à la pauvreté. « A Moscou et à Saint-Pétersbourg, le mécontentement est de nature politique. Dans les régions, il est d’ordre social », explique l’universitaire Valery Soloveï.
Classes moyennes en difficultés
Selon l’analyste Kirill Tremasov, « la Russie n’a pas connu une période aussi longue d’appauvrissement depuis les années 1990 ». Et même si les pauvres sont les premiers touchés, ils ne sont pas les seuls, et les suivants à souffrir sont, logiquement, les classes moyennes. En effet, en cinq ans, la part des Russes estimant appartenir à cette deuxième catégorie est passée de 60 % à 47 % de la population.