Tous les étés, et bien qu’ils soient relativement au frais au fond de l’eau, les bulots ont chaud. Pour se protéger de la chaleur, les gastéropodes s’enfouissent donc dans le sable. Or, durant cette période, ils sont beaucoup moins voraces ; un problème de taille pour les pêcheurs.
Pêche dormante
« Il y a vingt ans, cette coupure (durant laquelle les bulots s’enfouissent) durait un mois, désormais, elle s’étend sur deux à trois mois, jusqu’en septembre », regrette Didier Leguelinel, coprésident du Comité régional des pêches.
Car cette différence de durée a son importance, puisque lorsqu’il est dans le sable, le bulot ne se nourrit plus. Or, puisqu’il est pêché grâce à des casiers et des appâts (pêche dormante), et non pas avec une drague (cet outil qui racle les fonds marins), comme on pourrait le croire, il est essentiel que le bulot conserve toute sa voracité.
En effet, quand le bulot n’a plus faim, cela se constate aussitôt à la criée. A Granville, par exemple, il s’écoule ces derniers temps environ 5 tonnes par jour, alors qu’il s’en écoule 9 tonnes lorsque les casiers sont pleins. Et logiquement, quand la quantité diminue, le prix augmente : vendredi 20 septembre, les enchères allaient de 3 à 4 euros le kilo. « En dix ans, son prix annuel moyen est passé de 1,75 à 2,50 euros le kilo », assure Arnauld Manner, directeur du groupement Normandie Fraîcheur Mer.
Pêche raisonnée
Victime de son succès, le bulot aurait disparu si la filière bulotière n’avait pas réagi à temps. « A Granville, la production a été divisée par deux, passant de 12 000 à 6 000 tonnes en vingt ans », explique monsieur Manner. Et « nous ne pêchons pas en janvier, ni le dimanche et les jours fériés », assure, pour sa part, monsieur Leguelinel.
Par ailleurs, le nombre de bateaux le pêchant étant passé de 80 à 70, et la taille minimum des coquillages ayant été revue à la hausse, le bulot a pu obtenir l’écolabel MSC de pêche durable en 2017.