Tandis que la bataille pour la présidentielle américaine de 2020 se précise, un climat économique incertain, des facteurs géopolitiques inquiétants et les aléas de la croissance laissent augurer de prochains mois chahutés.
Donald Trump aurait-il du souci à se faire pour sa réélection ? On sait depuis le fameux the economy, stupid de Bill Clinton que les succès des candidats à la Maison Blanche se font et se défont en fonction du climat économique. Or, plusieurs indicateurs se sont conjugués ces derniers jours pour faire des prochains mois un test pour la solidité économique du pays. Et avec elle, celle de l’économie mondiale.
Flambée temporaire des prix du pétrole
L’attaque d’infrastructures pétrolières en Arabie saoudite a provoqué dès le lundi suivant un bond historique de 14,6 % du cours du brut avant de se stabiliser en fin de semaine suite aux annonces volontairement rassurantes du ministre saoudien de l’Energie. Les destructions infligées par les drones a amputé de 5% les capacités de production mondiales. D’après les experts, il faudra des mois avant que la production saoudienne ne retrouve son niveau d’avant l’attaque. De quoi maintenir la tension sur le marché, surtout si on y ajoute les soupçons qui pèsent sur l’Iran et les risques d’escalade dans la région.
Au premier rang des pays menacés par une aggravation de la crise figurent les nations asiatiques (notamment l’Inde) qui totalisent 72 % des exportations de l’Arabie saoudite en pétrole brut. Les conséquences sur la Chine seraient plus limitées selon Goldman Sachs. En France, le gouvernement s’est dit « vigilant » sur les prix à la pompe et a chargé les autorités de la concurrence de réprimer tout effet d’aubaine lié à la flambée du début de la semaine.
La Fed intervient timidement pour soutenir la croissance US
Autre décision potentiellement lourde de conséquences : la baisse des taux directeurs décidée par la banque fédérale américaine. Cette mesure attendue par Donald Trump vise à dynamiser une activité qui commence à ressentir les premiers effets de la guerre commerciale avec la Chine, même si l’emploi et la consommation des ménages continuent de bien se porter. Las, cette baisse est restée insuffisante aux yeux de Trump, qui milite pour des taux zéro, arguant que la politique de la BCE en la matière est bien plus profitable aux Européens.
La décision divise au sein de la Fed, certains dénonçant un coup de pouce artificiel. Ressurgissent par ailleurs les critiques habituelles à l’encontre des taux très bas : la faiblesse de leur impact si les consommateurs décident d’épargner et les banques de limiter les crédits, une croissance artificiellement dopée par l’endettement… La décision mi-chèvre mi-chou de la Fed témoignerait du « pilotage à vue » d’une institution prise entre les anticipations de baisse de croissance et l’insolente solidité du moral des ménages américains.
Quant aux éventuelles implications pour l’ensemble du système économique, elles seraient minimes selon Kit Juckes, analyste à la Société Générale, qui n’y voit en aucune façon « le symptôme d’une menace fondamentale pour le système ou l’économie mondiale ».
Une croissance mondiale à la peine
Pendant ce temps, la croissance mondiale continue de ralentir. L’OCDE vient de revoir à la baisse ses perspectives de croissance pour 2019 (2,9%) et 2020 (3%). Un ajustement qui fera de la croissance 2019 « la plus faible depuis la crise financière » de 2008. Il faut y voir les conséquences de la guerre économique avec la Chine, d’un Brexit qui n’en finit pas de s’éterniser et de la dégradation de l’endettement privé. Quant à l’impact de l’attaque des drones sur le pétrole saoudien, il n’a pas pu être pris en compte, sans quoi la baisse aurait sans doute été plus conséquente.
Les recettes de l’OCDE pour limiter les risques de choc sont justement celles que semblent fuir les principales économies mondiales : renoncer aux barrières commerciales, ne pas sur-solliciter la politique monétaire et relancer la croissance par des investissements publics.