Depuis le 12 mai, toutes les entreprises espagnoles sont obligées d’avoir recours à la pointeuse. Pour les petites sociétés, les employés marquent simplement leurs heures d’arrivée et de départ sur une feuille de papier, mais pour les plus grandes le système est informatisé.
D’une pierre deux coups
La mesure du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez vise à réduire le nombre d’heures supplémentaires illégales, non payées ou rémunérées au noir, qui sont monnaie courante, en particulier dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme. En limitant ces heures, sur lesquelles les patrons ne payent pas de cotisations sociales, l’Etat espère réduire son manque à gagner, et augmenter les recettes de la Sécurité sociale.
« Nous rencontrons beaucoup de réticences de la part des entreprises, mais les premiers chiffres montrent que nous allons dans la bonne direction », se réjouit le secrétaire de politique syndicale de l’Union générale du travail (UGT), Gonzalo Pino. Du côté du patronat, par contre, c’est une autre histoire. « C’est un instrument rigide qui ne s’adapte pas aux nouvelles formes de travail, plus itinérantes, aux commerciaux, aux sous-traitants, au télétravail… », déplore-t-on au département d’emploi de la CEOE (Confederación Española de Organizaciones Empresariales).
Mais en plus de remplir ses caisses le gouvernement souhaite, par cette mesure, pousser les entreprises à embaucher davantage. Augmenter le nombre de salariés réduirait en effet la pression qui s’exerce sur chacun, et ils pourraient également passer plus de temps avec leur famille. Mais surtout, augmenter le nombre de salariés permettrait à l’Etat de réduire le taux de chômage, ce chiffre si cher à tous les gouvernements.
« La pointeuse est une bonne mesure pour ceux qui ne veulent pas être contraints de faire trop d’heures supplémentaires », estime Patcheco, un jeune cuisinier de 27 ans, qui espère que la mesure « permettra d’embaucher davantage ».