Lundi 23 septembre, Andrew Bosworth, responsable de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle chez Facebook, a annoncé que le géant californien allait acquérir une entreprise spécialisée dans l’interface cerveau-machine. « Nous savons qu’il y a des moyens plus naturels, plus intuitifs, d’interagir avec les appareils et la technologie. Et nous voulons les construire », a déclaré le responsable.
L’entreprise en question, la start-up new-yorkaise CTRL-Labs, a développé un bracelet capable de capter les impulsions du cerveau et de les traduire en commandes informatiques. Ce système « saisit votre intention, et vous pouvez ainsi partager une photo avec un ami avec un mouvement imperceptible, ou simplement en y pensant », explique monsieur Bosworth.
Quelques craintes
Facebook n’a jamais caché l’intérêt qu’il portait à l’interface cerveau-machine. En avril 2017 déjà, le groupe s’intéressait à un système permettant de taper du texte par la pensée, une idée qui avait immédiatement fait grand bruit, en raison des nombreuses craintes qu’elle soulève. « Il ne s’agit pas de décoder vos pensées passagères », avait tenté de rassurer Regina Dugan de Building 8, la division de Facebook qui travaille sur des projets ambitieux de long terme. « Vous prenez beaucoup de photos au quotidien, mais vous choisissez de n’en partager que certaines : nous travaillons sur le même principe, vous avez beaucoup de pensées, et vous choisirez lesquelles partager. »
Grandes capacités techniques, mais mauvaises raisons
« Pour décoder et utiliser des informations sensibles de notre cerveau, pourquoi faire confiance à quelqu’un qui a eu du mal à protéger les données privées de ses utilisateurs ? », interrogeait Newton Howard, professeur de neurosciences au MIT et à Oxford.
« Je respecte leur capacité technique mais pour servir quel but ? Ils ne cherchent pas à lutter contre des maladies ou à restaurer la dignité humaine de personnes face à la dégénérescence du cerveau. Ils cherchent à augmenter les capacités du cerveau avec l’idée que la machine est supérieure. Faire des interfaces cerveau-machine pour de mauvaises raisons, cela peut amener les gens à refuser ce type de technologies, qui risquent alors d’être mises de côté et oubliées pendant 30 ou 50 ans », surenchérissait le chercheur.