Depuis mi-septembre et le salon de l’automobile de Francfort, le « SUV bashing » n’a cessé de prendre de l’ampleur.
Mercredi 16 octobre, une étude de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a révélé que les SUV avaient été la deuxième source d’augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans le monde entre 2010 et 2018, devant l’industrie lourde (acier, ciment…), les poids lourds et même l’aviation.
Double malus
Plusieurs députés ont proposé début octobre d’ajouter un malus au projet de loi de finances 2020, concernant le poids des SUV. Celui-ci viendrait compléter le malus déjà existant, mais insuffisant, sur les émissions de CO2, car la pollution de ces véhicules est surtout due à leur poids et à leur silhouette peu aérodynamique.
Pour le moment cette proposition est restée lettre morte, mais les industriels de l’automobile ont tout de même de quoi se faire des cheveux blancs, car les SUV, vendus plus cher mais pas spécialement plus coûteux à fabriquer, sont une véritable poule aux œufs d’or. « Le SUV est aujourd’hui le cœur du réacteur de l’industrie automobile, explique l’économiste Nicolas Meilhan. Et c’est un problème : les marges des constructeurs sont proportionnelles au poids des véhicules qu’ils fabriquent. »
Question de société
« On ne fait pas des grosses voitures pour le plaisir de faire des grosses voitures, s’exaspère Carlos Tavares, président de PSA. On a compris que les consommateurs se sentaient, dans ces voitures, plus en sécurité que dans les petites. Et, en plus, ces véhicules offrent une bonne habitabilité. Tout cela explique pourquoi ils ont, aujourd’hui, remplacé les monospaces. »
« Cela pose une vraie question de société, poursuit monsieur Tavares. Si demain quelqu’un vous dit : les SUV, vous arrêtez, c’est terminé, après-demain, il vous interdira les voyages en avion, de manger telle ou telle nourriture ou de partir en vacances à plus de 100 kilomètres de chez vous ».