Avec un coût de production qui a baissé de 10 % en un an, selon l’IRENA, les énergies renouvelables intéressent de plus en plus les entreprises. Qui voient dans « leur » transition énergétique un intérêt aussi bien économique qu’environnemental.
Alors que l’écologie et la lutte environnementale occupent de plus en plus l’espace public, aussi bien physique que numérique, quelle place peuvent occuper les entreprises dans la transition verte ? Tel était l’enjeu de la dernière Rencontre des entrepreneurs de France organisée par le MEDEF, fin août 2019, au cours de laquelle 55 entreprises se sont engagées à investir 73 milliards d’euros dans les énergies renouvelables (solaire, hydraulique, éolien, etc.), les technologies bas carbone et les pratiques agricoles durables, sur une période allant de 2020 à 2023.
Baisse du coût de production des énergies renouvelables
En décembre 2017, 91 entreprises avaient déjà annoncé qu’elles réduiraient leurs émissions de gaz à effet de serre (la principale cause du réchauffement climatique) en signant le French Business Climate Pledge (Engagement des entreprises françaises pour le climat), et avaient pour ce faire investi quelque 68 milliards d’euros la même année, ainsi qu’en 2018. En 2019, l’initiative a vu ses rangs grossir, puisque 22 nouvelles sociétés, dont Capgemini, Casino ou Vivendi, sont également appelées à réduire les émissions carbonées de leurs modes de production. En investissant, là aussi, dans les énergies renouvelables.
Et c’est une bonne chose, si l’on se réfère aux objectifs du gouvernement français, qui prévoit 23 % d’énergies vertes dans le mix électrique français d’ici 2023. Cet attrait s’explique, non seulement, par la baisse continuelle de leur coût de production ces dernières années – rien qu’entre 2018 et 2019, il a diminué de 10 % selon l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) –, mais également par la volonté des entreprises d’allier transition écologique et performance économique.
Si les prix des renouvelables sont en baisse, ils sont aussi plus prévisibles que ceux des énergies dites conventionnelles (pétrole, gaz, charbon), soumises, par exemple, aux fluctuations internationales. Un avantage qui permet aux entreprises d’anticiper le coût de l’énergie dans leurs prévisions.
Rôle de premier plan
En juin dernier, la SNCF annonçait par exemple son intention d’acheter, pendant 25 ans, la production d’électricité de trois nouveaux parcs solaires construits par le français Voltalia, afin de tirer 20 % de son énergie de traction de ces contrats longue durée. Les premiers de cette ampleur, d’ailleurs, « signés entre un producteur renouvelable et un grand consommateur indépendant en France [et] l’un des 10 plus importants en Europe », indiquait le communiqué de presse. La compagnie ferroviaire rejoint ainsi de grandes entreprises mondiales qui ont choisi d’investir massivement dans l’énergie verte – pour 2020, Ikea s’est par exemple employée à produire plus d’électricité qu’elle n’en consomme.
En France, toujours, le propriétaire du parc nucléaire, EDF, s’est engagé dès 2013 dans sa « transition verte », en devenant la première grande entreprise à émettre une « obligation verte » (ou « green bond »). Une levée de fonds qui lui avait permis d’allouer 1,4 milliard d’euros à 13 projets renouvelables via sa filiale EDF Renouvelables. Grâce à ses investissements dans les énergies vertes, l’énergéticien souhaite déployer quelque 30 gigawatts (GW) de solaire en France d’ici 2035. Ce qui aura non seulement pour effet de diminuer mécaniquement les coûts de production de cette énergie, mais permettra également à d’autres entreprises d’avoir recours à des énergies propres pour fonctionner.
« Se tourner vers les renouvelables n’est plus simplement une décision faite au nom de l’environnement, mais de plus en plus une décision économique intelligente », affirmait l’an dernier Adnan Amin, le directeur de l’IRENA. Ce qui n’empêche pas les entreprises d’acquérir petit à petit une véritable « conscience écologique » : 83 % des sociétés françaises ont ainsi défini un objectif de réduction de leurs émissions de GES, et 36 % (soit deux fois plus qu’auparavant) ont des objectifs alignés sur les « science based targets » (SBT), autrement dit les connaissances scientifiques en la matière. Une bonne nouvelle, alors qu’il apparaît très clairement que le monde de l’entreprise a un rôle de premier plan à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique.