Le fabricant de pneumatiques a annoncé jeudi dernier son intention de fermer d’ici 2020 son usine de la Roche-sur-Yon, spécialisée dans la fabrication de pneus poids lourds, qui emploie plus de 600 salariés. Une décision justifiée entre autres par la pression du low cost asiatique.
La décision était redoutée depuis plusieurs semaines. Elle n’a pas surpris les salariés de l’usine vendéenne mais a engendré colère et accablement.
Les dirigeants de Michelin ont justifié cette fermeture par deux facteurs : la contraction du marché du pneu poids lourds et l’exacerbation de la concurrence internationale, liée notamment à l’arrivée d’entreprises chinoises qui inondent le marché de produits à bas coût. Le groupe avait déjà annoncé il y a quelques semaines la fermeture prochaine de son usine de Bamberg (Allemagne), qui emploie 858 salariés.
Michelin face à la pression du low cost
4 600 emplois et huit sites industriels à l’enseigne du Bibendum ont disparu dans les trois dernières années en Europe, essentiellement à cause de la concurrence internationale. Dans un entretien à Ouest France, le président Florent Menegaux expliquait, à propos des pneus asiatiques : « Il y a cinq ans, ils étaient encore marginaux. Aujourd’hui, ils représentent un tiers du marché ».
Contrairement à ses concurrents Bridgestone et Continental, qui ont fait le choix de la délocalisation en Europe de l’Est pour réduire les coûts de main d’oeuvre, Michelin a décidé de conserver 62% de ses effectifs à l’Ouest. En contrepartie, le groupe a entrepris de massifier ses sites en renonçant à ses nombreuses « petites usines ».
C’est dans ce contexte qu’il faut appréhender la fermeture de l’usine de la Roche-sur-Yon. « Le site est petit, a expliqué le président de Michelin. Malgré les investissements que nous avons réalisés pour essayer de lui donner une taille critique, il n’est pas suffisamment performant en termes de coût de revient industriel. »
Les salariés dénoncent une trahison
A l’annonce de la fermeture jeudi matin, certains salariés ont pris à partie les responsables du groupe en criant « assassins », « menteurs » ou encore « escrocs ». Beaucoup ont rappelé les sacrifices auxquels ils avaient consenti dans le cadre du « plan d’avenir » lancé en 2016.
Sur Twitter, le maire de La Roche-sur-Yon, Luc Bouard, a dénoncé des « promesses non tenues ». Parlant pour sa part de « trahison », le syndicat CFE-CGC évoque « une décision purement financière », rappelant que le groupe a affiché une hausse de son chiffre d’affaires de 0,3% en 2018. Le syndicat SUD a quant à lui appelé à une grève illimitée et à une rencontre avec Bruno Le Maire.
Ironie du sort ou signe des profondes mutations en cours dans le tissu industriel français, le ministre de l’Economie appelait le jour-même, dans le cadre du French Fab Tour, à la « reconquête industrielle » en vantant les résultats obtenus par le gouvernement en matière d’emplois industriels.
Un plan d’accompagnement de 120 millions d’euros doit désormais être mis en place par Michelin pour les salariés concernés, avec des mesures de préretraite et des dispositifs de mobilité interne et externe. Le groupe entend offrir aux salariés qui le souhaitent la possibilité de rester travailler en France. Fin 2018, la fabricant de pneus originaire de Clermont-Ferrand employait 110 000 salariés à temps plein, dont plus de 20 000 en France sur une quinzaine d’implantations industrielles.