Alors que la Commission européenne envisage d’injecter 16 milliards d’euros « pour stimuler le leadership spatial de l’Union européenne après 2020 », les ministres des pays membres de l’ESA ( European Space Agency), réunis à Séville mercredi 27 et jeudi 28 novembre, viennent de décider une hausse de 20 % de son budget.
Budgets 5 fois et 2,5 fois plus importants
Même si l’Europe a conquis son indépendance spatiale il y a quarante ans grâce à la fusée Ariane, elle court aujourd’hui le risque d’être largement distancée par les Etats-Unis et la Chine. En effet, les budgets respectifs de ces deux puissances sont cinq fois et deux fois et demie plus importants que celui de l’ESA.
Pour combler ce retard, Paris a décidé de faire passer sa participation à l’ESA à 2,5 milliards d’euros, ce qui lui permettra, par là même, de demeurer le premier contributeur devant l’Allemagne. Pour mener à bien le projet le plus important, la future fusée Ariane 6, dans les délais, la France fournira donc plus de la moitié des investissements nécessaires à la fabrication des lanceurs.
« Emmanuel Macron a un vrai intérêt pour l’espace. Un très gros travail a été réalisé avec les autorités et les industriels en prévision de cette conférence ministérielle, explique Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d’études spatiales (CNES). C’est de loin, de tous les sommets, le mieux préparé au niveau national ».
Intérêt industriel
Le 16 octobre, à Toulouse, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont opté pour une stratégie « Par les Européens, pour les Européens », en privilégiant désormais les lanceurs européens pour mettre en orbite des satellites européens, ce que faisait déjà Paris.
« Nous avons acté le principe d’une préférence européenne pour les lancements de satellites, car nous ne pouvons à la fois financer Ariane 6 et choisir la concurrence, a déclaré le président français. Une politique industrielle de souveraineté passe aussi par une politique spatiale européenne ».