Par Philippe Torreton, acteur français et ancien conseiller de Paris
Pendant que nous nous étripons au sujet des retraites, chaque camp se drapant dans ses vieilles toges élimées, celles des grands soirs révolutionnaires, celles des courageux et lucides réformateurs, pendant que la France convoque donc ses fantasmes d’un autre temps et en appelle à ses dates préférées : 95 la dure, 68 la rebelle, 36 l’historique etc… pendant que la pièce de Boulevard favorite de ce pays « bombeurs de torses » se remet à l’affiche pour une série de représentation exceptionnelle, l’Europe, elle, tente de regarder en face l’avenir sombre de l’humanité.
Car notre avenir, pour l’heure, ne dépend pas d’un régime de retraite, avec ou sans clause grand-père. Non. Que l’on soit né avant pendant ou après 75 l’avenir, notre avenir, dépend aujourd’hui des mesures que l’on prendra maintenant, c’est à dire tout de suite, pour réduire nos émissions de CO2, accélérer le recyclage, protéger notre environnement, sanctuariser la biodiversité et c’est précisément ce à quoi s’intéresse Ursula Von der Leyen au bout de ses cent jours.
Bien sûr son Green deal est déjà critiqué par ceux qui s’en effraient d’avance et ceux qui s’en navre déjà, mais il existe et c’est une première. Saluons-le ce plan d’investissement de plusieurs centaines de milliards d’euros par an et saluons-le d’autant plus que c’est le seul qui existe à ce niveau politique de faisabilité.
Visiblement cette dame a compris l’urgence à agir, l’urgence à faire, à financer, à ne plus ergoter, à ne plus peindre en vert la vieille politique.
Cette période est cruellement parlante, nous avons d’un côté un pays dominé par des partis politiques et des centrales syndicales de toute obédience prêts-es à tout sacrifier pour se refaire une place au soleil électorale et de l’autre une institution européenne souvent décriée et vilipendée par ces mêmes partis politiques et ces mêmes centrales syndicales mais qui au final est la seule à réellement bouger, la seule sérieuse, la seule responsable, la seule à regarder la lune et pas le doigt qui l’a pointe.
Vous tous acteurs de ce psychodrame sur les retraites, depuis le gouvernement jusqu’aux syndicats en passant par les partis politiques vous êtes, mesdames et messieurs, pathétiques, irresponsables et calamiteux.
Nos enfants et petits enfants vous jugeront et vos noms seront synonymes à jamais d’immobilisme suicidaire, de bêtise criminelle, d’idiotie mortifère. La terre étouffe, l’espèce humaine est en danger, nous ne savons pas s’il sera possible d’y vivre sur cette terre meurtrie à la fin de ce siècle et vous, vous vous engagez dans le grand combat des retraites, entraînant la population bien loin de ce qui devrait être son unique préoccupation : la survie de ses enfants.
Et nos médias se repaissent de cette lutte d’un autre temps oubliant le plan d’investissement de la présidente de la commission européenne, reléguant en brèves, en vite fait sous le coude ce qui ne devrait être que le seul et unique sujet.
Non seulement vous n’agissez pas mais vous étouffez et rendez inaudibles celles et ceux qui tentent quelque chose.
La plupart d’entre vous serez morts lorsque les problèmes liés au réchauffement climatique se feront sentir dans nos contrées encore protégées (ceci explique d’ailleurs peut-être cela) mais s’il existe encore assez de forces et d’énergie disponible à ceux qui nous survivront pour réfléchir aux responsabilités des uns et des autres dans la catastrophe qui conditionnera leur vie nul doute qu’ils vous épingleront tous autant que vous êtes sur l’immense mur de la connerie humaine…