Lundi 27 janvier, le quotidien britannique Financial Times a révélé qu’Airbus avait choisi de débourser environ trois milliards d’euros pour clore les trois enquêtes anticorruption le concernant, menées par le Parquet national financier (PNF), en France, le Serious Fraud Office (SFO), en Grande-Bretagne, et le Department of Justice (DoJ) aux Etats-Unis.
A moitié avouée, à moitié pardonnée
En 2014, lorsque EADS est devenu Airbus Group, les nouveaux dirigeants ont découvert que certaines pratiques du Strategy and Marketing Organization (SMO), une entité interne, étaient non conformes. Parmi ces entorses au règlement figurait le recours aux « business partners », des intermédiaires chargés de faciliter les ventes sur les marchés internationaux. Une pratique autorisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à condition de revêtir une totale transparence (identité d l’intermédiaire, rémunérations), ce qui n’était pas le cas chez Airbus.
En 2016, le groupe a révélé de lui-même ces irrégularités, ce qui a conduit le SFO et le PNF à démarrer leurs investigations. S’en sont suivi de longues négociations, à l’issue desquelles l’avionneur a décidé, de lui-même, de payer la somme de 3 milliards d’euros. Un montant important, mais tout à fait à la porte d’Airbus, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 63,7 milliards d’euros et un bénéfice de 3 milliards en 2018. Et surtout, payer maintenant dispense le groupe de poursuites pénales qui auraient pu aboutir à son exclusion des marchés publics internationaux pour une durée de cinq ans.
En choisissant d’avouer sa faute, Airbus s’est inspiré d’une stratégie adoptée par Rolls-Royce il y a quelques années. Faisant l’objet d’une enquête du SFO, le groupe britannique avait choisi d’apporter sa « coopération entière et extraordinaire » à la justice, et avait bénéficié, en retour, de circonstances atténuantes et d’une amende minorée.
Grande purge
Les enquêtes ont au moins permis à Airbus de faire le ménage parmi ses dirigeants, de nombreux cadres ayant été poussés vers la sortie. Le directeur de la stratégie, Marwan Lahoud, et le directeur commercial, John Leahy, ont par exemple été remerciés, rapidement suivis par Fabrice Brégier, numéro deux d’Airbus, et Tom Enders, le PDG. Ils ont été remplacés par une nouvelle génération de dirigeants, pour l’instant vierges de tout soupçon.