Pour se prémunir contre la prolifération de ces engins volants, parfois qualifiés de « missiles du pauvre », les aéroports ont commencé à investir massivement dans les technologies antidrones. Certaines compagnies, à l’instar d’ADP, ont même décidé de développer leur propre système de défense.
Mieux vaut prévenir que guérir
Fin décembre 2018, l’activité de l’aéroport de Londres-Gatwick avait été bloquée deux jours en raison de petits appareils non identifiés repérés à proximité des pistes, et cette paralysie avait fait perdre 60 millions d’euros aux compagnies et à l’aéroport. « Aujourd’hui, tout le monde fait le pari que ce qui risque de coûter le plus cher, c’est de ne pas se protéger », note un bon connaisseur du dossier ayant souhaité conserver l’anonymat.
Les aéroports londoniens ont donc été les premiers à investir dans ce secteur. L’aéroport de Londres-Gatwick s’est, par exemple, équipé d’un outil de détection antidrones d’une valeur de 4 millions d’euros, et celui de Londres-Heathrow s’est doté d’un système capable de repérer des engins volants de petite taille, conçu par le britannique Aveillant, filiale de Thales, pour un coût de 10 millions d’euros.
Le Groupe ADP a, lui, choisi de concevoir son propre système antidrones, actuellement en test à Roissy et Orly. Couvrant une superficie de 6 000 hectares, l’équipement a déjà permis de repérer plusieurs petits appareils à l’intérieur des zones d’exclusion de 5 kilomètres entourant les aéroports.
Marché de 1,85 milliard d’euros en 2024
« La présence de grands groupes comme Thales, Leonardo (Italie) ou Lockheed (USA) suggère que cette activité est très prometteuse et que la compétition sera rude », relève Egidio Cau, responsable chez CS Group. Et selon la société Grand View Research, le marché mondial devrait atteindre 1,85 milliard d’euros en 2024.
« La demande principale provient des grandes institutions publiques et, à un degré moindre, des grands sites sensibles. En revanche, le secteur privé n’a pas encore eu une véritable prise de conscience », constate Lucas Le Bell, cofondateur de la start-up CerbAir, qui précise que certaines célébrités et hommes d’affaires ont tout de même fait ériger des murailles antidrones pour se protéger des paparazzis.