Pour déterminer si les télécoms français pourront travailler avec du matériel du géant chinois Huawei, leader mondial de la 5G, le gouvernement a décidé de laisser trancher l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANNSI), qui dépend de Matignon.
Plusieurs semaines de retard
Les opérateurs désireux de déployer un réseau 5G devront donc transmettre un dossier listant précisément les équipements qu’ils utiliseront pour chaque zone du territoire.
SFR et Bouygues, qui utilisent massivement le matériel de Huawei, ont d’ores et déjà déposé leurs dossiers, et ont fait savoir qu’en cas d’exclusion du géant de Shenzhen, il leur faudrait remplacer une grande partie de leur réseau, ce qu’il leur prendrait un temps considérable (quatre à six semaines pour une grande ville).
Orange, qui n’a pas recours à Huawei en France (mais à l’étranger si) s’oppose également à la mise à l’écart de l’équipementier. « Je peux parfaitement admettre que l’on fasse jouer une préférence européenne (en faveur de Nokia ou Ericsson). Mais doit-on écarter Huawei ? C’est un pas que je ne franchis pas », a déclaré Stéphane Richard, PDG de France Télécom.
Aide de l’Etat requise
Bien que la réponse de l’ANSSI soit attendue courant février, les déclarations récentes du patron de l’agence, Guillaume Poupard, ne sont pas de nature à rassurer les opérateurs. « Dire que tout le monde est égal en termes de sécurité, c’est une forme d’angélisme », a-t-il déclaré mardi 21 janvier, ajoutant qu’il y avait « des risques plus forts avec des équipements qui viennent de Chine ».
Or, « si l’Etat devait décider d’interdire les équipements Huawei, nous lui demanderions de nous laisser le temps de nous adapter », prévient Didier Casas, directeur général adjoint de Bouygues Telecom. « Les opérateurs ne pourraient assumer seuls des changements de doctrine établis sur fond de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine », confirme Arthur Dreyfuss, secrétaire général de SFR.