Alors que la propagation du coronavirus a entraîné la fermeture de certaines lignes aériennes, et une diminution de la fréquentation sur toutes celles restant ouvertes, les compagnies continuent de faire voler leurs avions comme si de rien était, parfois avec peu ou pas de passagers à bord.
Ineptie des « slots »
Cette pratique, à première vue incompréhensible, est rendue nécessaire par la législation appliquée aux Etats-Unis et en Europe concernant l’attribution des créneaux horaires, les « slots ». En effet, pour conserver ces créneaux ( très prisés et donc extrêmement difficiles à obtenir ) d’une année sur l’autre, les compagnies aériennes doivent effectuer au moins 80% des vols prévu sur ces horaires, au risque de perdre leurs précieux « slots ». Une loi qui peut paraître aberrante en temps de crise, mais qui répond pourtant aux exigences de la concurrence ; c’est la loi du « use-it-or-lose-it ».
Ce principe, qui s’applique encore à l’heure actuelle, a pour résultat de faire voler des avions vides, qui consomment des milliers de litres de carburants, pour rien. Face à cette ineptie, l’Association internationale du transport aérien (IATA) a donc demandé une dérogation, début mars, pour que la loi soit mise de côté le temps que la crise passe. Et du côté de la France, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a demandé à la Commission européenne que « toutes les compagnies puissent conserver leurs créneaux aériens sans avoir à faire tourner leurs avions à vide ». « Il est totalement absurde que cette réglementation s’applique dans les circonstances actuelles », a martelé le ministre.
Conditions de suspension
Le droit européen prévoit tout de même certaines conditions exceptionnelles permettant de suspendre cette loi. Ainsi, la « non-utilisation » des slots peut être légitimée par plusieurs « circonstances imprévisibles et irrésistibles », parmi lesquelles « une grave perturbation des opérations dans les aéroports concernés, y compris les séries de créneaux horaires dans d’autres aéroports communautaires en ce qui concerne des liaisons qui ont été touchées par cette perturbation, au cours d’une partie importante de la période de planification horaire pertinente », à laquelle pourrait donc s’apparenter le coronavirus.