A Kurihama, non loin de Tokyo, Jera ( filiale de la compagnie d’électricité de Tokyo Tepco) bâtit une centrale électrique à charbon, dont les deux tranches de 650 mégawatts (MW) doivent être inaugurées en 2023 et 2024. Cette construction, loin de faire l’unanimité, suscite la colère des riverains, qui dénoncent un projet « inutile » et « anachronique ».
Plusieurs plaintes contre Jera
Parmi les opposants à la nouvelle centrale, Isamu Watanabe, un retraité natif du lieu, raconte comment, déjà, la première centrale avait pollué la région : « Les baignades dans la baie ont été interdites. Quand on faisait sécher notre linge dehors, selon la direction du vent, les vêtements étaient couverts de poussière ».
Je n’ai pas envie que mes « petits-enfants de moins de 10 ans subissent de violents typhons, provoqués par le réchauffement global » ajoute le retraité, qui a donc choisi de rejoindre les 47 personnes ayant porté plainte contre Jera, estimant que la société avait bâclé l’étude d’impact environnemental du projet.
Lundi 17 février, le groupe des 48 a même manifesté devant le siège de l’entreprise, à Tokyo, et lui a adressé une pétition signée par 7 150 personnes.
« Société davantage sensible »
« Cette centrale doit générer 7,56 millions de tonnes de CO2 par an », affirme Rikuro Suzuki, le leader du groupe. Or, « depuis Fukushima, la consommation de courant a reculé de près de 10 % au Japon et même si les centrales nucléaires sont arrêtées, il y a suffisamment d’électricité », rappelle Takako Momoi, membre de l’ONG environnementale Kiko Network
Pour les opposants, en plus d’avoir une incidence environnementale, la centrale est donc « inutile », voire « anachronique », la population étant de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux. « Avec les puissants typhons de l’automne 2019, mais aussi la COP25 et le Forum de Davos, en janvier, la société semble davantage sensible aux enjeux », explique Hanna Hakko, spécialiste de la question pour Greenpeace Japon.