L’Agence nationale chargée de la sécurité informatique (Anssi) a récemment prévenu qu’elle restreindrait fortement les autorisations d’exploitation des opérateurs français partenaires de Huawei, une décision pénalisante jugée anticoncurrentielle par Pékin.
Pas de bannissement total
L’Anssi a bien précisé qu’il n’y aurait pas de « bannissement total » pour Huwaei, mais plutôt que les autorisations d’exploitation le concernant seraient limitées à huit ans. « Les opérateurs qui n’utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller car c’est un peu le sens naturel des choses. Ceux qui l’utilisent déjà, nous délivrons des autorisations dont la durée varie entre trois et huit ans », explique Guillaume Poupard, directeur général de l’Anssi.
Toutefois, deux opérateurs français majeurs, SFR et Bouygues Telecom, utilisent déjà des antennes Huawei dans leurs réseaux 4G et aimeraient s’appuyer dessus pour déployer la 5G. Or changer d’équipementier, et démonter les anciens équipements, entrainerait des coups supplémentaires pour ces opérateurs, et ils ont d’ores et déjà prévenu qu’ils demanderaient une compensation si l’État pénalisait Huawei.
Pékin exige le respect des lois du marché
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a expressément demandé que la France « observe une attitude objective et juste, respecte les lois du marché et la volonté des entreprises ». Paris doit « prendre des mesures concrètes pour mettre en place un environnement ouvert, équitable et non discriminatoire pour les entreprises de tous les pays, y compris les entreprises chinoises », a-t-il ajouté.
« Ce que l’on fait sur la 5G en France, c’est un compromis. Il faut développer la 5G dans des conditions économiques acceptables pour les opérateurs télécoms et aussi souveraines, qui nous permettent de ne pas être dépendants de tel ou tel équipement ou pays », s’est défendu le directeur de l’Anssi. « Nous ne sommes pas dans du Huawei bashing, ni dans du racisme anti-chinois », a-t-il assuré.