La mobilité électrique trace sa route en territoires

La mobilité électrique trace sa route en territoires

La France, qui compte plus de 250 000 véhicules électriques en 2020 (un nombre en constante augmentation), accélère l’implantation de bornes de recharge sur tout le territoire, y compris dans les espaces ruraux et périurbains. L’enjeu : accompagner l’intensité du développement de la mobilité électrique.

La question, lorsque l’on parle de mobilité bas carbone, n’est plus de savoir si elle arrivera un jour en France, mais plutôt quand. Le pays a, depuis plus de cinq ans maintenant, lancé sa transition énergétique, et – malgré quelques retards à l’allumage – réduit drastiquement ses émissions de dioxyde de carbone, pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050. Le secteur des transports, fortement émetteur de CO2 (à hauteur de 30 % des émissions nationales), a tout naturellement un rôle à jouer. La voiture électrique (ou hybride) étant l’un des moyens prisés des Français pour diminuer leur impact carbone au quotidien.

Entre janvier et septembre 2020, les demandes d’assurance pour véhicules électriques ou hybrides ont fortement progressé dans l’Hexagone. De quoi ravir le gouvernement, qui mise beaucoup sur l’électromobilité pour « gagner » son pari climatique. Raison pour laquelle il a d’ailleurs mis en place tout un panel de mesures propres à inciter les Français à se convertir au bas carbone, parmi lesquelles : un bonus pour l’achat d’une voiture électrique d’occasion, une prime à la casse ou encore une surprime de 1 000 euros pour les acquéreurs d’un véhicule électrique neuf dans les départements d’outre-mer…

30 000 points de recharge

Mais pour être parfaitement efficace, la transition du thermique à l’électrique doit profiter à toutes et tous, quels que soient le lieu d’habitation et l’usage. Pour l’instant, force est de constater que les grands centres urbains sont les plus majoritairement équipés, voire éventuellement les proches agglomérations, pour permettre le développement de la mobilité électrique – avec, notamment, des bornes de recharge disposées régulièrement. Dès 2017, La Fabrique écologique avertissait dans une note : « La mobilité dans les territoires à faible densité de population est […] un enjeu majeur. […] Face à la rareté énergétique et à la lutte contre le changement climatique, […] les solutions [existent mais] ont du mal à s’étendre et à se généraliser ».

Compte tenu des enjeux que soulève la mobilité (inclusion sociale et économique surtout), les territoires ruraux et périurbains ne doivent pas être négligés par l’électrification des transports. Tendre vers une mobilité faiblement carbonée et accessible à toutes et tous est d’ailleurs la mission assignée aux collectivités locales par la loi d’orientation des mobilités (LOM), adoptée en décembre 2019. En vertu de ce texte, les nouvelles « autorités organisatrices de la mobilité » doivent notamment mettre en place des voies réservées aux véhicules électriques, voire créer des zones à faibles émissions (ZFE) dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants.

Autant d’objectifs intenables sans l’installation d’un nombre de bornes de recharge suffisant – après tout, difficile d’imaginer nos routes sans l’implantation régulière de pompes à essence. Si 30 000 points de recharge sont aujourd’hui disposés dans l’Hexagone (soit une installation pour 10 véhicules électrique), cinq régions sortent du lot, à commencer, évidemment, par l’Île-de-France (4 453), suivie par l’Occitanie (3 480), Auvergne Rhône-Alpes (3 324), la Nouvelle-Aquitaine (3 257) et, enfin, les Hauts-de-France (2 584).

Mobilité partagée et propre

En Nouvelle-Aquitaine, cinq syndicats départementaux d’énergies (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques) se sont par exemple associés en 2016 pour créer MObiVE (mobilité en véhicule électrique), une application pour smartphone permettant de géolocaliser quelque 700 bornes de recharges « interopérables », c’est-à-dire ouvertes aux abonnés d’autres opérateurs, alimentées à 100 % par de l’énergie renouvelable. Petit plus : l’abonnement à MObiVE offre, en plus de l’accès aux bornes d’autres prestataires, des places de parking gratuites pour une durée limitée. Ou comment répondre aux besoins des utilisateurs et des territoires tout en faisant la promotion des énergies propres ?

C’est en tout cas le pari fait par EDF (actionnaire d’Izivia, qui détient à présent MObiVE), qui mise depuis plusieurs années sur l’électricité propre (nucléaire, renouvelable), et accompagne tous les territoires, des grands centres urbains aux territoires ruraux, en passant par le périurbain, notamment en proposant de l’électricité verte. A l’inverse, par exemple, de Total, qui se concentre principalement sur les grandes villes pour déployer ses points de recharge. Comme, très récemment, à Paris : « Après Amsterdam, Bruxelles et Londres, c’est ainsi une nouvelle agglomération européenne majeure qui s’appuie sur l’expertise de Total pour accompagner l’évolution des mobilités de ses concitoyens », reconnaissait d’ailleurs il y a quelques semaines Alexis Vovk, directeur général de la branche marketing & services du pétrolier.

Preuve que les collectivités ont compris l’enjeu de la mobilité électrique – rapprocher leurs citoyens des services et commerces tout en faisant la promotion des énergies propres -, certaines d’entre elles favorisent la « multimodalité » (soit le choix dans le mode de déplacement) tout en cherchant à électrifier leurs transports. A Limoges (Haute-Vienne), par exemple, Enedis – qui s’était déjà associée à la ville de Vichy (Allier) pour transformer sa flotte de bus en 100 % électrique – s’est engagée à accompagner la municipalité dans le développement de « bus à haut niveau de service » (BHNS), alimentés à l’électricité, pour une mobilité à la fois partagée et propre.

 

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