Il ne cesse de battre des records depuis le début de l’année et a franchi le cap des 1 000 milliards de dollars de valorisation. Le bitcoin remplacera-t-il le dollar ou s’agit-il d’un actif spéculatif sans avenir ? Réponse.
Le bitcoin est une monnaie virtuelle transnationale fonctionnant de façon décentralisée. La valeur et la validité des échanges sont donc assurées par un réseau d’ordinateurs indépendants des autorités traditionnelles de contrôle, à savoir les banques centrales. Lors de sa création en 2009 suite à la crise financière de 2008, un bitcoin valait environ 0,001 dollar. Aujourd’hui, il vaut près de 56 000 dollars, soit près du double de sa valeur au début de l’année 2021. L’envolée est historique.
En investissant près de 1,5 milliards de dollars début février dans le bitcoin, le très médiatisé Elon Musk faisait bouger les lignes de ce petit marché monétaire et entretenait la frénésie. Le monde économique s’était pourtant déjà intéressé à cette crypto-monnaie. Cet été, l’éditeur de logiciel MicroStrategy, côté au Nasdaq, annonçait placer sa principale réserve de valeur en bitcoin. Le PDG Michael Saylor expliquait son geste en comparant sa trésorerie en dollars à « un glaçon en train de fondre ».
Crise de confiance ans le dollar
Le bitcoin attire aujourd’hui autant à cause de l’inflation. La crise économique liée au Covid-19 a encouragé les banques à faire marcher la planche à billet. Depuis le début de la pandémie, le bilan de la Fed est donc passé de 4 700 milliards à 7 400 milliards de dollars. Et cela a entrainé une baisse de la valeur du dollar.
Craint par les marchés financiers, le mouvement ne semble pas prêt de s’arrêter. Il y a quelques semaines, Joe Biden annonçait un plan de relance de 1 9000 milliards de dollars et financé notamment par la création monétaire. Pour le patron de la banque d’investissement Galileo Global Advisors et ancien vice-président exécutif du New York Stock Exchange (NYSE), « l’engouement pour le bitcoin est un signe avant-coureur de fuite devant la monnaie », affirme-t-il dans Le Monde. La crise économique a en fait accéléré l’effritement de la confiance vis à vis des monnaies traditionnelles. Une confiance que les instituions monétaires tentent de restaurer comme elles le peuvent…
Pour Christine Lagarde, la bitcoin est donc un « actif hautement spéculatif ». Eric Rosengren, le Président de la Federal Reserve Bank of Boston, affirme dans le New York Times qu’il est « surpris que le bitcoin continue de florir ainsi ». Et pour le Président de la Federal Reserve Bank de St. Louis, James Bullard, « le bitcoin n’est pas une menace pour le dollar ».
S’adapter au e-commerce
Les banques centrales relativisent-elles le phénomène ? La course aux crypto-monnaie est en tout cas lancée. Le bitcoin est une monnaie encore très volatile – ce qui ne joue pas en sa faveur – mais elle répond indéniablement aux nouveaux enjeux du commerce au XXIème siècle.
Les monnaie existantes (dollar, euro…) ont en fait développé des systèmes pour s’adapter aux échanges sur internet (cartes à puce par exemple) mais l’entière traçabilité des transactions est rapidement apparue comme un danger renforçant le contrôle social. Les crypto-monnaies sont donc nées pour préserver l’anonymat et les données personnelles. L’idée émergé dès les années 80 et le projet aboutit techniquement en 2009 avec le bitcoin.
Cependant, on peut douter que le bitcoin ait de forte chance de devenir « la future monnaie de la planète », comme l’expliquait Elon Musk à un groupe de fan il y a quelques jours. Si son système de fonctionnement ne change pas radicalement, le bitcoin ne pourra devenir une véritable monnaie d’échange et ainsi remplacer le dollar.
Bitcoin, l’or digital
En effet, cette monnaie a été créée afin qu’il n’y ait jamais plus de 21 millions d’unités sur le marché. Ce nombre est trop restreint et empêche une adoption généralisée du bitcoin par la population mondiale. Du fait de sa rareté et de son prix élevé, le bitcoin a pourtant de grandes chances de devenir le nouveau lingot d’or numérique. Selon Rana Foroohar, journaliste au Financial Times, si le gouvernement américain continue à émettre « tellement de dettes au point de commencer à faire perdre au dollar sa valeur, le bitcoin pourrait en théorie devenir une valeur refuge ».
L’avenir de la monnaie de commodité ne réside donc pas tant dans le bitcoin que dans les crypto-monnaies. Les institutions monétaires traditionnelles travaillent en effet aujourd’hui à l’élaboration de leur propre monnaie virtuelle ou MDBC (« monnaie digitale de banque centrale »). La FED mène des recherches avec le Massachusetts Institute of Technology. La Chine teste un yuan numérique. En novembre dernier, la BCE lançait, quant à elle, une consultation publique relative à un euro digital.