Le revenu universel, l’idée du siècle ?

Le revenu universel, l’idée du siècle ?

Face à la crise sociale, le revenu de base, longtemps qualifié d’utopique, revient sur le devant de la scène, aussi bien à gauche qu’à droite de l’échiquier politique. Mise au point.

Depuis l’écrasante défaite aux Présidentielles 2017 de son fervent défenseur Benoît Hamon, l’idée semblait enterrée pour au moins une décennie. Mais la crise sociale due au Covid l’a remise au cœur de l’actualité. Le ralentissement de l’activité et les inégalités de protection sociale ont en effet bouleversé l’équilibre très fragile des plus modestes. Ne bénéficiant ni de dispositifs de chômage partiel ou plus largement de parachutes économiques, de nombreux étudiants, intermittents, travailleurs indépendants, pigistes, micro-
entrepreneurs se sont retrouvés dans une situation de précarité inédite. L’exécutif et l’opposition ont été sommés de réfléchir à des solutions et le revenu universel a rapidement ressurgi dans les débats.

Les principes du revenu universel

Le revenu universel, tel qu’il est défini par le BIEN (Basic Income Earth Network), est une somme attribuée individuellement à chaque membre d’une société, sans contrôle de ressources et sans obligation de disponibilité sur le marché du travail. Ses modalités diffèrent en termes de montant (en France, les propositions varient de 500 à 1000 euros), de bénéficiaires (modulations selon l’âge par exemple) et de finalité (quels minima sociaux remplace-t-il?).

Pour les libéraux, le revenu universel (RU) doit se substituer à l’ensemble des aides existantes. Il est un moyen d’affranchir l’individu de la tutelle de l’État. Avec un revenu universel d’inspiration libérale, donc, plus d’État Providence : l’individu doit assurer lui-même ses dépenses de santé, sa retraite…La vision socialiste, elle, voit le RU comme un revenu complémentaire aux aides existantes qui reconnaît la contribution de chacun à la société et vise une forme d’émancipation collective en valorisant les activités d’utilité sociale en dehors du travail.

Une idée transpartisane

Appropriée à la fois par la gauche et les libéraux, l’idée bouleverse donc l’échiquier politique par son caractère transpartisan. Surtout, elle séduit aujourd’hui par sa radicalité à l’heure où l’aspiration à un changement de société post-pandémie s’est renforcée. Le politique Jérôme Fouquet le confirme : « Du fait des dégâts économiques et sociaux causés par le Covid-19, l’idée de la mise en place d’un revenu universel de base fait son chemin dans toute une partie de la population ».

Publiée le mois dernier, une étude réalisée par ses soins à l’Ifop montre en effet que les français placent désormais la création du revenu de base pour tous en tête des solutions les plus pertinentes pour aider les gens au quotidien ; cela juste après l’accès à une alimentation de qualité et à des aides supplémentaires permettant le maintien à leur domicile des personnes âgées. Le résultat peut surprendre mais il atteste de la forte progression de cette idée depuis les Présidentielles de 2017….

La ville de Paris pourrait par ailleurs expérimenter une forme de revenu universel. Une conférence citoyenne sera lancée cette année afin de consulter la population et l’amener à définir les contours du projet.

Quel revenu universel ?

Le revenu universel est donc une idée qui fait son chemin. Mais si elle ressurgit aujourd’hui dans le débat politique français, c’est sous une forme édulcorée en comparaison avec sa définition originelle. Peut-on en effet parler de revenu universel si celui-ci n’est versé qu’à une partie de la population ? La mesure est de fait majoritairement envisagée comme un instrument voué à lutter à court terme contre la pauvreté chez les 18-25 ans, tranche d’âge la plus touchée économiquement par la crise sanitaire.

Plusieurs députés PS ont planché sur une proposition de loi à ce sujet. Elle sera débattue jeudi à l’Assemblée Nationale. Son contenu ? Créer un revenu pour pallier à l’absence de RSA chez les 18-25 ans et distribuer « un minimum jeunesse » de 564 euros par mois à partir de 18 ans. Les écologistes, eux, proposent un revenu de 665 euros. Plus à droite, Aurélien Pradié, le secrétaire général des Républicains, prévoit un revenu vital de 715 euros à partir de 18 ans. Il remplacerait les autres aides sociales et serait délivré sous la condition d’avoir « consacré deux mois de sa vie à l’utilité sociale » (association, collectivité, intérêt général…), expliquait-il dans l’Obs.

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