Économie : la Côte d’Ivoire à la relance

Économie : la Côte d’Ivoire à la relance

Malgré le ralentissement de l’économie mondiale, la Côte d’Ivoire fait partie des trois pays africains à la reprise la plus prometteuse, selon une étude de la Banque mondiale. Une résilience qui s’explique notamment par le dynamisme de la filière caoutchouc et la faible dépendance à l’exportation de matières premières.

Comme en Guinée et au Niger, la croissance économique ivoirienne devrait dépasser les 6 % en 2021, d’après le rapport Africa’s Pulse publié le 31 mars par la Banque mondiale. Selon l’organisme basé à Washington, la Côte d’Ivoire fait partie des trois pays africains ayant le moins souffert de la crise sanitaire et profitant le mieux de la reprise économique. En témoigne la croissance (6,2 %) attendue cette année, contrairement à la plupart des autres économies d’Afrique subsaharienne, qui ont connu un ralentissement beaucoup plus marqué. En 2020, la croissance moyenne y a reculé pour la première fois depuis 25 ans, et ce de manière assez spectaculaire (-2 %). La faute à une dépendance importante aux matières premières, à l’export ou à l’import, ainsi qu’à un manque de diversification économique.

L’an dernier, le Rwanda est ainsi entré en récession pour la première fois depuis 10 ans en raison, notamment, du manque d’afflux touristique, principale source de rentrées fiscales dans le pays. Les grandes économies aussi ont souffert, comme le Nigeria, l’Angola ou encore l’Afrique du Sud, qui a vu son PIB plonger de 7 % en 2020. « Les pays pauvres en ressources naturelles, comme la Côte d’Ivoire et le Kenya, et les économies tributaires du secteur minier, comme le Botswana et la Guinée, devraient enregistrer une croissance robuste en 2021, tirée par un rebond de la consommation et des investissements privés, alors que la confiance se renforce et les exportations reprennent », cite le rapport, qui ne cache pas la géométrie variable de la situation. La vitesse de propagation du coronavirus, qui a plutôt épargné les pays d’Afrique de l’Ouest en 2020, et l’accès inégal à la vaccination entrent également dans l’équation de la Banque mondiale. Autant de facteurs qui, mis bout à bout, permettent d’expliquer la résilience ivoirienne.

Le caoutchouc ivoirien, symbole de la résilience économique

En Côte d’Ivoire, la reprise économique est symbolisée par la percée inédite de l’industrie du caoutchouc, devenue en 2020 la quatrième au monde. Déjà leader en Afrique, la production a progressé de 21 % l’an dernier, soit presque autant qu’en 2018 et 2019 (+25 %) pour atteindre 950 000 tonnes. « La Côte d’Ivoire, petit pays producteur de caoutchouc naturel il y a une décennie, est en train de prendre sa place au sein des grands producteurs mondiaux », a déclaré Eugène Krémien, président de l’APROMAC (Association des professionnels du caoutchouc naturel). Mais à la différence d’autres pays, le caoutchouc ivoirien a su faire preuve d’agilité en se tournant vers le marché asiatique, suite à la chute de ses commandes en Europe. « 60 à 80 % de notre caoutchouc va désormais en Asie, a rapporté Eugène Krémien à l’Agence France Presse. Les majors du secteur (Michelin, Continental, Goodyear et Bridgestone) ont refusé de prendre nos commandes, c’est la Chine qui nous a tout acheté. »

Pour faire face à la forte volatilité des cours boursiers, les producteurs ivoiriens développent également la transformation de la matière première. Si le coût d’investissement rend le marché du pneu encore inaccessible, celui du gant en latex paraît plus abordable, à l’image de la Thaïlande, qui en produit 20 milliards d’unités chaque année. « Nous ne devons plus être dépendants de l’extérieur [mais] pouvoir assurer la consommation à nos concitoyens localement », a ajouté le patron d’APROMAC, confiant « travailler à la labellisation du caoutchouc ivoirien, un des meilleurs du monde ».

Un nouveau gouvernement rajeuni et ouvert

À l’image du caoutchouc ivoirien, la reprise de l’économie ivoirienne s’appuie sur la diversification des différents secteurs d’activité, mais aussi sur les progrès réalisés au niveau structurel ces dix dernières années. Depuis la crise politico-militaire de 2010, le pays a connu une croissance quasiment inégalée sur le continent, avec +7 à 8 % par an grâce notamment à l’essor de la cacaoculture (leader mondial), mais aussi des télécommunications, du BTP, de l’énergie et du tourisme. Cette réussite économique s’explique en particulier par les grands chantiers entrepris en toile de fond par le président Alassane Ouattara pour améliorer les infrastructures de transport, l’accès à l’éducation et aux soins ou encore la condition des travailleurs.

Poussé à se présenter à un troisième mandat suite au décès en juillet d’Amadou Gon Coulibaly, son Premier ministre et successeur désigné, le chef de l’État a tenu parole en formant un gouvernement rajeuni afin, comme il le souhaitait, de répondre aux aspirations de la jeunesse ivoirienne. La liste de 41 ministres dévoilée le 6 avril comporte 18 sortants, 13 entrants, et aucun de plus de 68 ans. Preuve de sa volonté d’ouverture, le nouveau gouvernement ivoirien a choisi Kandia Adjoumani, la ministre des Affaires étrangères, comme numéro deux du Premier ministre Patrick Achi, et l’opposant Kouadio Konan Bertin, du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), au ministère de la Réconciliation nationale. De quoi préparer une transition en douceur, tout en continuant à transformer le pays en profondeur.

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