Ce week-end de Pentecôte, la publicité est descendue du ciel (avions à banderoles) à la baie de Cannes, où elle sera diffusée sur un écran géant (4 mètres sur 8) installé sur un bateau. Celui-ci proposera des messages publicitaires aux plaisanciers lézardant sur la plage ou arpentant la Croisette.
Risque de pollution visuelle
Pour anticiper l’interdiction votée début avril par l’Assemblée nationale des bannières publicitaires attachées aux avions, qui sera effective à compter du 1er janvier 2022, les publicitaires n’ont pas tardé à trouver une alternative : la mer.
L’idée est venue de trois Azuréens, fondateurs de l’entreprise Boatcom. « Pour diffuser un spot pendant un mois, on part sur une base de 3000 euros, se réjouit Jean-Pierre Névoret, président de Boatcom. Chaque publicité est passée environ 80 fois par jour. On a déjà petite trentaine de clients et chaque pub passe une fois toutes les dix minutes.»
Et à ceux qui l’accusent de leur polluer la vue, Jean-Pierre Névoret rétorque que la gêne ne durera pas longtemps. « On parle beaucoup de pollution visuelle, mais ce bateau est toujours en mouvement », insiste-t-il.
Risque de prolifération
Tous les maires de la côte ne voient pas ce nouveau système d’un bon oeil. « Cela ne correspond pas à ce qu’on souhaite faire avec nos stations balnéaires », proteste par exemple le maire de Sainte-Maxime, Vincent Morisse. « Et puis, si on accepte un bateau, on peut être sûrs qu’il y en aura cinq l’année prochaine », ajoute-t-il, très justement.
Conscient que son système dérange, Jean-Pierre Névoret rappelle qu’il y a « un vide juridique, il ne faut pas d’autorisation ». « L’activité de publicité en mer repose sur un corpus législatif aujourd’hui insuffisant », explique-t-il, bien décidé à profiter de la situation tant qu’il le peut. Et pour séduire les moins récalcitrants, le patron de Boatcom insiste également sur le fait que le bateau ne sera pas exclusivement destiné à la pub. « On diffuse des publicités mais aussi des messages d’urgence, des problèmes rencontrés sur la plage, rappelle-t-il. On va même participer à un clip de rap ».