En difficulté, Thalès cherche à vendre sa branche billettique pour se recentrer sur ses cœurs de métier

En difficulté, Thalès cherche à vendre sa branche billettique pour se recentrer sur ses cœurs de métier

Confronté à des difficultés économiques en raison de la crise traversée par le secteur aérien, Thalès se recentre vers l’aérospatial, la défense et la sécurité. Un changement de stratégie qui conduit le groupe à se délester de sa branche billettique pour mieux se tourner vers son cœur de métier.

Thalès confronté à la crise de l’aérien

Après des années de croissance, Thalès, le groupe aux 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires, connait une baisse de sa rentabilité (EBIT : – 33 %) avec désormais un taux inférieur à la barre des 10 % (10,9 % en 2019 et 10,6 % en 2018). Ce qui dans le contexte actuel de la COVID-19 n’est pas si mal. Mais le risque de suppression de 1000 emplois dans la branche aéronautique (Thalès AVS) mobilise beaucoup d’énergie compte tenu des impacts économique et social que cela suppose. La crise sanitaire est donc passée par là et l’État, actionnaire du groupe (25,7 %) est très actif pour éviter des licenciements.

Dans une réponse à la question de Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, publiée au journal officiel (14/01/2021), le ministère de l’Économie, des Finances, et de la Relance explique : « Le groupe Thales est, depuis plusieurs mois, confronté à la crise qui frappe le secteur aérien, avec par exemple un chiffre d’affaires au 3ème trimestre 2020 en recul de plus de 45 % dans l’aéronautique civile par rapport à l’année précédente. L’entreprise, à l’instar de toutes les sociétés du secteur, a donc dû, pour lui permettre de traverser au mieux cette crise, prendre des mesures d’adaptation au niveau d’activité significativement réduit actuellement constaté. Ces mesures sont difficiles, mais elles s’accompagnent de l’engagement de la société de ne procéder à aucun licenciement, et de mettre en place des mesures locales d’accompagnement ».

Une situation préoccupante qui a conduit les pouvoirs publics à mettre en œuvre un dispositif d’aide via l’APLD (activité partielle de longue durée) et de soutien à la R&D aéronautique à travers le renforcement des moyens du CORAC (Conseil pour la recherche aéronautique civil). Une illustration concrète du « quoiqu’il en coûte » cher au président de la République.

Aujourd’hui, plutôt que la diversification qui a marqué les décennies précédentes, la stratégie est clairement de confirmer Thalès dans son rôle de champion de l’aérospatial, de la défense et de la sécurité. Des domaines qui représentent 90 % de son chiffre d’affaires. Tout en rassurant les actionnaires sur la profitabilité du groupe, ce qui a ainsi amené l’entreprise à verser en 2020, un acompte sur les dividendes du titre de 2021. Contre l’avis de l’État actionnaire qui a exprimé ses réserves sur l’opportunité de prendre une telle décision dans un contexte de crises sanitaire inédit.

Recentrage et rentabilité : la branche billettique est à vendre

Cette double volonté de recentrage et de rentabilité amène donc le groupe à se séparer d’activités étrangères à son cœur de métier.

Ainsi, la branche billettique de Thalès – Revenue Collection Systems -, au chiffre d’affaires de 86,2 M€ et à l’effectif de 320 salariés, est à vendre. Mais, pour l’instant, aucune négociation avec les repreneurs potentiels n’a pu aboutir. Pas plus avec le fonds d’investissement Latour Capital , qu’avec la RATP ou des entreprises étrangères. Il faut dire que les résultats financiers sont plutôt dans le rouge, avec pour le dernier exercice connu (2019) un résultat d’exploitation négatif de 11,7 M€ (13,6 % du chiffre d’affaires). Et les perspectives sont inquiétantes puisque les comptes prévoient une provision pour pertes à terminaison sur contrats à longue durée d’un montant de 6,7 M€, sans doute en lien avec le contrat avec Bordeaux marqué par de nombreux dysfonctionnements et la menace de contentieux. La crise sanitaire n’a fait qu’aggraver cette situation et dans leur rapport sur les comptes annuels 2019, les commissaires aux comptes parlent d’un risque pouvant conduire « à une perte de chiffre d’affaires, des surcoûts sur certains projets/activités, une interruption de la production ou la fermeture temporaire de sites ».

Outre la branche billettique, cette stratégie de recentrage du portefeuille d’actifs pourrait aussi amener Thalès à se délester de sa branche signalisation selon l’agence Reuters. Une vente qui pourrait s’élever à 1,5 milliard d’euros, et qui pourrait intéresser Alstom, Hitachi ou CAF.

Avec la cession des activités billettiques et de celles liées aux transports, Thalès espère récupérer du cash alors que son chiffre d’affaires a baissé de 7,7 % l’an passé. Mais ces opérations se feront dans un climat d’inquiétudes des clients actuels et potentiels dans ce secteur d’activités, ce qui ne peut que complexifier les futures transactions.

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