Du partage de fichiers au streaming en passant par le stockage, le cloud computing a déjà bouleversé de nombreux secteurs. Il est aujourd’hui en train de transformer l’industrie du jeu vidéo. Avec cette question en latence : qui seront les Netflix, OCS et Amazon Prime du streaming de jeu vidéo ?
Plus besoin de posséder un ordinateur super costaud ni la dernière console pour jouer à un jeu dernier cri. Avec le cloud gaming, il est possible de jouer à des jeux haut de gamme avec n’importe quel appareil doté d’une connexion internet. Cette technologie déplace en fait la majeure partie des calculs vers des centres de données.
Jouer à des jeux sur demande
Aujourd’hui, jouer nécessite un investissement considérable. Un jeu coûte environ 50 euros et une console entre 250 et 400 euros. Le cloud gaming permet de remplacer ces coûts initiaux par des frais d’abonnement. La formule pourrait être ainsi particulièrement lucrative en attirant de nouveaux consommateurs de jeux. Elle intéresse donc tout naturellement les entreprises de premier plan, qui, dans cette perspective, diversifient aujourd’hui leurs activités et préparent progressivement leur conversion vers le cloud gaming.
A l’instar de Nvidia ou de la start-up Loudplay, Sony propose déjà une offre de jeux en streaming appelée PlayStation Now. Google lance sa plate-forme Stadia en 2019 et en 2020, Amazon se lance dans le course avec la création du service Luna. Ce mois-ci, Microsoft annonce l’extension de sa plateforme de cloud gaming (xCloud) sur les télés connectées.
Un avenir du jeu vidéo dématérialisé
Très attrayant, le cloud gaming peine pourtant encore à faire l’unanimité. Cette technologie se base en fait sur une connexion internet surpuissante.
Le jeu vidéo est interactif par nature et nécessite que l’ordinateur exécute immédiatement l’action du joueur. Si la connexion internet faillit – ne serait-ce qu’une fraction de seconde – les dés sont pipés (surtout dans les jeux de tir) et le service est considéré comme déficient.
C’est pour cette raison que le service de cloud gaming OnLive, lancé en 2010, est contraint de fermer ses portes en 2015. Les mastodontes du jeu vidéo ne sont pourtant pas prêts à rendre les armes. Ils sont convaincus que les connexions haut débit vont s’améliorer. De nombreux concurrents se bousculent donc au portillon et entendent bien profiter de ce marché en expansion. Selon le cabinet de conseil Mordor intelligence, l’économie du cloud gaming pèse autour des 1,15 milliard de dollars en 2020. Elle pourrait atteindre les 2,70 milliards de dollars d’ici 2026.
Le cloud gaming à l’assaut du marché du jeu vidéo ?
La généralisation de la 5G dans les pays développés explique cet optimisme ambiant. Plusieurs opérateurs de télécommunications, à l’instar de Verizon, testent de nouveaux formats de jeu sur leurs réseaux 5G. « Les jeux sur mobiles étaient jusqu’à présent limités aux jeux occasionnels », explique le rapport du cabinet Mordor Intelligence. « Avec la 5G, cela peut changer radicalement et permettre à des millions de nouveaux appareils mobiles d’accueillir de nouveaux jeux. »
Pour de nombreux experts, l’abandon progressif de consoles physiques au profit d’abonnement en streaming semble inévitable sur le long terme. Mais les profits relatifs aux PS4, Xbox et consorts restent considérables. Et les entreprises auraient bien tort de s’en priver. La guerre des consoles a donc repris de bon train avec la pandémie, Sony et Microsoft s’empressant de sortir de nouveaux modèles.
« Le cloud est essentiel (…) mais nous n’abandonnons pas pour autant nos consoles. Bien au contraire », abonde Liz Hamren, en charge des plateformes de jeu chez Microsoft, lors d’une pré-conférence la semaine dernière à l’EE3 (un des plus grands salons consacrés au gaming). « Nous travaillons déjà sur nos prochains hardwares et plateformes dont certains ne sortiront pas avant des années. » Pour un Netflix du jeu vidéo, il faudra donc attendre encore un peu.