Comexposium : qu’est ce qui attend les salariés à la rentrée ?

Comexposium : qu’est ce qui attend les salariés à la rentrée ?

La crise du Covid-19 n’aura pas épargné Comexposium, fleuron français de l’événementiel. Contrainte de rembourser une dette de 580 millions d’euros, la société a décidé de se placer en procédure de sauvegarde judiciaire à deux reprises depuis septembre dernier. Alors que l’échéance de ce plan se rapproche dangereusement, Comexposium fait face à un dilemme de taille : prolonger une nouvelle fois la procédure de 6 mois pour se « protéger » de ses créanciers, ou faire confiance à ces derniers, qui souhaitent favoriser la relance en injectant 175 millions d’euros et entrer au capital en échangeant la moitié de la dette contre des titres. Le mutisme du management sur ses intentions ne rassure pas les salariés du groupe, qui se demandent ce qui les attend à la rentrée.

Endettement massif

La crise sanitaire a fortement impacté l’événementiel, qui emploie près de 455 000 personnes en France : annulations en cascade, reports, accueil restreint… Le Salon Wine Paris & Vinexpo Paris (la société Vinexpo est détenue à 50% par Comexposium) a ainsi été reporté à février 2022, tandis que le Salon de l’Agriculture 2021 a lui aussi été annulé. Pour la seule région francilienne, le report de la plupart des événements aurait causé une perte de 3,4 milliards d’euros en 2020.

Depuis septembre 2020, le géant tricolore de l’événementiel, Comexposium, a été placé à deux reprises sous sauvegarde judiciaire. La raison ? Son endettement massif de 580 millions d’euros. Comme ses concurrents, le numéro trois mondial de l’événementiel a subi de plein fouet la crise du Covid-19, mettant en pause la majeure partie de ses activités. Comexposium, qui organise entre autres le Salon de l’Agriculture ou la Foire de Paris, a vu son chiffre d’affaires baisser de 440 millions d’euros en 2019 à 80 millions d’euros un an plus tard.

Procédure de sauvegarde

Pour se protéger de la faillite, Comexposium n’a eu d’autre choix que de se placer sous la protection du tribunal de commerce de Nanterre. L’objectif ? Protéger la société de ses créanciers en suspendant ses dettes pendant six mois. “Comexposium, c’était une success-story jusqu’à la fin février, les banques se battaient pour nous prêter de l’argent. Mais depuis mars et avec l’interdiction des rassemblements à cause de la crise sanitaire, on ne peut plus exercer notre métier d’organisateur de Salons. On a passé notre temps à décaler, reporter des événements, de l’Europe au Canada, de la Chine à l’Australie en passant par l’Inde et l’Asie du Sud-Est”, déplorait Renaud Hamaide, président du groupe, en septembre 2020.

Six mois plus tard, la procédure est étendue pour une nouvelle période de six mois, et pourrait à nouveau être prolongée d’ici la rentrée. En théorie, elle pourrait durer 10 ans, permettant à Comexposium d’étaler ses dettes sur toute la durée. Une mise sous cocon contestée par les prêteurs de la société, qui y voient une marque de frilosité désastreuse pour l’image du groupe vis-à-vis du marché, et suggèrent de préparer dès à présent la relance. Un consortium de quatre prêteurs (Strategic Value Partners, KKR, Hayfin et Attestor) propose ainsi une aide conséquente de 175 millions d’euros : 100 millions d’euros prendraient la forme de “privilège de conciliation”, 75 millions de fonds propres. Le même carré de créanciers se dit prêt à échanger la moitié de la dette, soit 290 millions d’euros environ, contre des actions du groupe – entrée au capital que les actionnaires historiques, l’assureur Predica (Crédit agricole) et la Chambre de commerce d’industrie de Paris Ile-de-France (CCIP), ne voient pas d’un bon œil, craignant une perte de leur leadership.

Absence de visibilité

A en croire les observateurs, cette double opération permettrait pourtant à Comexposium de repartir du bon pied, en honorant ses engagements de paiement pour les acquisitions effectuées jusqu’en 2020 et l’échec du rachat d’Europa group, spécialisé dans l’organisation de conférences scientifiques et médicales, stoppé par la pandémie. En refusant cette main tendue, « le seul intérêt des actionnaires est de vouloir garder le contrôle au détriment de l’intérêt social de l’entreprise. Une procédure de sauvegarde, même si elle doit se conclure par un report des échéances de crédit ne résoudra pas le problème de cash de l’entreprise », croit savoir une source proche du dossier.

Reste que les salariés du groupe sont plongés dans le flou le plus total, ignorant, faute de communication de la part de leur direction, ce qui les attend en septembre. Le management de Comexposium souhaite-t-il engager un plan de sauvegarde de l’emploi ? Si des rumeurs le laissent entendre, rien ne filtre à ce sujet en haut lieu. A ce jour, le Groupe a déjà licencié un quart de ses salariés en France.

Une rétention d’informations qui n’est pas du goût des prêteurs, deux d’entre eux, les fonds Strategic Value Partners et Attestor Capital, ayant décidé d’entamer une procédure devant les juridictions anglaises. Le contrat de prêt initial qui lie le pool de prêteurs au groupe Comexposium est régi par le droit britannique qui impose la publicité de telles décisions. Ces derniers estiment en effet que les actionnaires sont tenus de leur partager les informations financières du groupe, ce qu’ils refusent, affirmant que la sauvegarde rend les effets du contrat nuls et non avenus. Seule certitude à date : les salariés de Comexposium partiront en vacances sans savoir à quelle sauce ils seront mangés à la rentrée.

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