La Corée du Sud s’attaque à Apple et Google 

La Corée du Sud s’attaque à Apple et Google 

Apple et Google tentent de repousser un projet de loi sud-coréenne qui mettrait en péril leur bonne santé économique. La décision adoptée par le corps législatif sud-coréen pourrait avoir des implications majeures sur les relations entre les géants de la tech et les gouvernements dans le monde.

La Corée du Sud s’apprête à empêcher Google et Apple d’exiger des développeurs de logiciels qu’ils n’utilisent systématiquement les systèmes de paiement intégrés à leurs plateformes. Un modèle permettant aujourd’hui à Google et Apple de percevoir de larges commissions, allant jusqu’à 30 %, sur les achats effectués dans leurs boutiques en ligne.

Si la loi sud-coréenne est adoptée, elle sera la première au monde à autoriser les développeurs de logiciels à faire appel à plusieurs systèmes de paiement. La législation aurait alors un impact majeur sur les revenus des boutiques d’applications et d’objets culturels de Google et d’Apple. Elle donnerait l’exemple pour les pays ayant en tête des projets de loi similaires visant à atténuer un peu leur position de quasi-monopole.

Au deuxième trimestre 2021, le Google Play Store représente en effet pas moins de 75 % des téléchargements d’applications dans le monde, selon la société spécialisée dans l’analyse de données mobiles, App Annie. La société Apple agrège, quant à elle, 65% des dépenses des consommateurs en achats et abonnements.

Multiplication des attaques envers Apple et Google

Apple et Google font à cet égard  l’objet de critiques de plus en plus virulentes depuis plusieurs années, aux Etats-Unis et ailleurs. En mai, la société Epic Games déposait une action en justice antitrust contre Apple. L’entreprise développant le jeu en ligne très populaire Fortnite reprochait à la firme à la pomme d’avoir récupéré près de 100 millions de dollars de commissions en deux ans et d’avoir ainsi profité de son succès.

Google annonçait par ailleurs cette année une réduction du pourcentage de frais de service facturés aux développeurs sur sa boutique de 30 à 15 % sur le premier million de dollars gagné en un an. Malgré quelques mesures visant à réduire leur influence, les deux multinationales restent campées sur leur positions et fortement opposées au projet de loi coréen, le Telecommunications Business Act, surnommé la « loi anti-Google ». Elles n’ont pas hésité à demander au gouvernement américain de les appuyer.

La position indécise du gouvernement américain

Le Information Technology Industry Council (ITI), une association basée à Washington et représentant les entreprises de l’industrie des technologies de l’information et des communications, publiait ainsi un rapport concluant que « l’exigence de la loi sud-coréenne à autoriser les utilisateurs à utiliser des services de paiement externes semble cibler spécifiquement les fournisseurs américains et menace le modèle commercial américain ». Le groupe soufflait également à l’oreille des responsables du commerce que la loi sud-coréenne pourrait violer un accord commercial passé entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.

Cependant, comme le relate le New York Times, « Wendy Cutler, une ancienne responsable qui a négocié l’accord commercial entre la Corée du Sud et les États-Unis, déclare qu’il serait difficile pour l’Amérique d’affirmer que les règles coréennes violent les accords commerciaux alors les mêmes questions antitrust sont débattues aux États-Unis. »

Corée du Sud vs. Google & Apple

Le gouvernement américain est connu pour défendre ses entreprises à l’étranger en s’opposant aux législations qui les discriminent. Mais le Président Joe Biden semble aujourd’hui déterminé à appliquer des réglementations plus strictes aux géants du web, comme Google, Apple, Facebook et Amazon. « Vous ne voulez pas accuser un pays d’avoir potentiellement violé une obligation alors qu’en même temps votre propre gouvernement remet en question la pratique », a déclaré Wendy Cutler. « Cela affaiblit considérablement l’affaire. »

Les raisons avancées par Google et Apple contre la loi sud-coréenne restent qui-plus-est peu convaincantes. Pour Google, la loi constituerait une menace pour les consommateurs et les développeurs de logiciels. Pour Apple, la loi sud-coréenne menacerait le contrôle parentale, exposerait les utilisateurs qui achètent des biens numériques à des risques de fraude, « saperait la protection de leur vie privée et compliquerait la gestion de leurs achats ». Tiens donc.

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