Par François LEGRE
Quand l’exercice tourne à l’autodéfense, à la mise en valeur personnelle et à une attaque en règle contre les dirigeants actuels du pays, cela devient irritant et ne grandit pas l’auteur d’une telle démarche, surtout dans un contexte de décrispation générale et de réconciliation nationale.
En effet, l’ancien Président Laurent Gbagbo recevant les conjointes des prisonniers de la crise post-électorale de 2021 -2011, le lundi 2 août dernier, s’est offusqué de la détention d’hommes politiques en Côte d’Ivoire tout en affirmant que sous son mandat aucun homme politique n’avait fait la prison.
Cette déclaration de l’ancien Chef de l’Etat vise deux objectifs principaux : le premier est de s’ériger en démocrate, soucieux des libertés individuelles et collectives, et le second est de vouer aux gémonies le régime du Président Alassane Ouattara en le présentant comme un régime liberticide.
En agissant ainsi, Laurent Gbagbo, dont l’objectif ultime est d’engranger des dividendes politiques sur la question des prisonniers de la crise post-électorale et des exilés, rame à contre-courant du processus de réconciliation nationale et édifie les observateurs avertis sur sa capacité à œuvrer au rassemblement des Ivoiriens.
Ne dit-on pas que la critique est aisée, mais l’art est difficile ? Les Ivoiriens ont eu le temps de voir l’ancien Président Laurent Gbagbo à l’œuvre durant ses 10 ans de pouvoir. Et le constat qui se dégage est qu’il y a un hiatus entre ses déclarations actuelles et les actes qu’il a posés durant son règne.
En effet, la Côte d’Ivoire n’a connu autant d’assassinats politiques que sous le régime de la refondation. Le Général Robert Gueï, son épouse Rose Doudou-Gueï et son aide de camp, le Capitaine Fabien Coulibaly ainsi que plusieurs membres de leur entourage, le Colonel-major Adama Dosso, le Capitaine Dosso Aboubacary, aide de camp de l’ancien Premier Ministre Alassane Ouattara, le docteur Benoit Dacoury-Tabley, le journaliste Guy-André Kieffer, l’artiste-comédien Camara Yêrêfê dit Camara H, le Président du Mouvement Populaire Ivoirien (MPI), Emile Téhé, et d’autres personnes anonymes auraient bien voulu être emprisonnés que de se faire assassiner par les escadrons de la mort de Laurent Gbagbo.
Pour tous les cadavres qu’il a dans les placards, l’ancien Président Laurent Gbagbo devrait faire amende honorable et s’inscrire résolument et sincèrement dans le processus de réconciliation nationale plutôt que de s’ériger en donneur de leçons et d’avoir la mémoire sélective.
Il y va de l’harmonie et de la concorde dans notre pays.
François LEGRE