Mardi 14 septembre, le Premier ministre australien Scott Morrison a annoncé l’abandon du contrat prévu avec Naval Group concernant la construction de 12 sous-marins Shortfin Barracuda (à propulsion classique). Le nouveau programme, baptisé AUKUS, sera finalement confié aux États-Unis et à la Grande-Bretagne, pour la construction de 8 sous-marins à propulsion nucléaire.
Changement de voie
« La première grande initiative d’AUKUS sera de livrer une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie. Au cours des 18 prochains mois, nous travaillerons ensemble pour chercher à déterminer la meilleure voie à suivre pour y parvenir », a déclaré Scott Morrison lors d’une conférence de presse organisée lundi. « Nous avons l’intention de construire ces sous-marins à Adélaïde, en Australie, en étroite coopération avec le Royaume-Uni et les États-Unis. Mais permettez-moi d’être clair : l’Australie ne cherche pas à acquérir des armes nucléaires ou à établir une capacité nucléaire civile », a ajouté le Premier ministre, précisant que ce revirement n’était « pas un changement d’avis » mais « un changement de besoin ».
« Nous ne sommes pas partis à la chasse aux opportunités. Fondamentalement, les Australiens ont pris la décision de vouloir une capacité différente. Nous n’avons pas l’intention de faire quoi que ce soit qui puisse contrarier les Français, qui comptent parmi nos plus proches alliés militaires en Europe », a pour sa part tenté d’apaiser le ministre de la Défense britannique, Ben Walace.
« Graves conséquences »
Mais toutes les déclarations de ses « alliés » sont loin d’apaiser Paris, qui ne cache pas sa colère. « C’est une décision contraire à la lettre et à l’esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l’Australie, fondée sur une relation de confiance politique comme sur le développement d’une base industrielle et technologique de défense de très haut niveau en Australie », ont aussitôt réagi les ministres des Affaires étrangères et des Armées, Jean-Yves Le Drian et Florence Parly.
Le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, Christian Cambon, s’est montré plus catégorique encore. « Je suis profondément choqué par cette nouvelle, mais aussi par les conditions dans lesquelles nous l’apprenons. Cela remet en cause bien des certitudes. Nous allons devoir nous interroger sur l’attitude récurrente de certains de nos alliés, qui se comportent plus comme des adversaires que comme des concurrents loyaux », a déclaré le sénateur, affirmant que la décision de Canberra aura de « graves conséquences » pour « l’image de la France, qui essuie un camouflet brutal qui témoigne de la considération que lui porte le gouvernement australien actuel ».