La cryptomonnaie à l’assaut du secteur bancaire

La cryptomonnaie à l’assaut du secteur bancaire

Dépôts rémunérés, prêts, spéculations… La révolution des cryptomonnaies s’empare du secteur bancaire. Quelles en sont les implications ? 

Le développement sans précédent des cryptomonnaies continue de susciter la crainte des Etats et des banques centrales. Risque de bulle financière, perte de contrôle sur le système monétaire, suspicion d’argent sale…. Le terme « crypto sprint » s’est même imposé ces derniers mois chez les responsables de la FED pour désigner l’urgence à rattraper leur retard dans ce secteur en pleine croissance et sans garde-fou.

La prolifération et le recours exponentiel aux cryptomonnaies – du Bitcoin à Ethereum en passant par les milliers d’autres en circulation – ont en effet imposé ces dernières années une nouvelle définition du concept d’argent ayant entrainé la création de services inédits adaptés à ces monnaies exclusivement digitales. La crypto-finance a vu le jour et de nombreux entreprises ont commencé à proposer des produits bancaires et à s’implanter dans des territoires qui étaient jusque-là une chasse gardée institutionnelle.

Cryptomonnaies, DeFi… : le futur de la banque ?

Reposant sur la blockchain pour fonctionner et non sur des intermédiaires « centraux » (tels que les banques traditionnelles, les courtiers…), la DeFi (ou finance décentralisée) connaît ainsi une croissance sans précédent en marge des systèmes bancaires constitués. Les innovations, en matière de création d’entreprises, de services ou de technologies, s’y multiplient dans un climat euphorique rappelant les débuts d’internet. Ce ne sont pas les Etats, mais la technologie blockchain et son marché qui font la loi.

Mais en quoi consiste au juste cette DeFi ? Les activités qui s’y déroulent se calquent sur celles qui ont lieu dans le secteur financier traditionnel. Il s’agit de négocier en bourse, d’émettre des prêts ou encore de déposer des sommes sur des comptes. Mais de façon un peu différente. Les taux de rendement y sont nettement plus élevés, mais surtout, les entreprises octroient des prêts adossés à des actifs sans vérification de crédit. Les emprunteurs paient des intérêts pour utiliser les fonds des prêteurs. Et ces derniers n’interagissent pas entre eux directement.

La DeFi représente en fait une forme d’utopie libérale. Le système financier proposé marche en théorie tout seul, se régule lui-même, sans friction. Il a été débarrassé de la lourde infrastructure sur laquelle repose le système financier traditionnel (institutions centrales, régulation étatique…).

Les dangers de la crypto-finance

Un système qui se régule lui même a pourtant bien sûr besoin de règles pour fonctionner. Et ces dernières sont définies dans le DeFi par ceux qui maîtrisent la technologie blockchain et sont à l’origine de ses développements. C’est ce pouvoir-là que les institutions traditionnelles tentent de contenir. Non seulement parce que les rendements très élevés des comptes crypto risquent de perturber le secteur bancaire, mais aussi parce que de nombreuses menaces planent encore sur la crypto-finance.

Si les cryptomonnaies consomment encore des quantités d’électricité trop importantes, les développeurs tentent de les minimiser et des blockchains moins énergivores sont amenées à voir le jour. Le blanchiment d’argent (lié à l’anonymat promis par les cryptomonnaies) et leur grande volatilité constituent une première inquiétude. Des pièces stables (ou stablecoins), émises par des entités privées et liées à des actifs stables, ont été inventées à cet effet, mais aucune garantie n’existe en réalité sur la constance de leur valeur. Surtout, si le système connaît une panique ou s’effondre, aucune banque centrale ne sera là pour prêter en dernier recourt. Les dépôts ne sont d’ailleurs pas garantis par des assurances centrales et solides. Ce qui est assez préoccupant étant donné que la DeFi n’est pas immunisée contre les cyber-attaques.

La question reste ainsi de savoir si la DeFi va rester plus ou moins autonome, échappant aux lois et règlements ou si les institutions centrales vont réussir à reprendre le contrôle. Ces dernières prévoient notamment d’émettre des monnaies numériques stables pour contrecarrer les débordements. La guerre ne fait que commencer.

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