Le PDG de Facebook a décidé de renommer son groupe « Meta ». Une nouvelle loin d’être anodine et qui en dit long sur les mutations du géant américain et de l’économie numérique.
En pleine tourmente suite aux accusations portées au Congrès par une ex-employée, le groupe de Mark Zuckerberg poursuit sa course et a clarifié il y a quelques semaines son projet de métavers et annoncé changer le nom de sa société mère en Meta.
Le réseau social, Facebook, va garder son nom. C’est simplement et désormais l’entité « Méta » qui va chapeauter les activités du groupe, du réseau social historique, mais aussi des entreprises affiliées, à l’instar de WhatsApp ou Instagram.
Si Mark Zuckerberg entend évidemment redorer ainsi l’image déplorable de l’entreprise après une flopée de scandales, ce rebranding entend également réorienter la vocation de sa société vers le métavers, ce monde en VR présenté comme « l’internet de futur » et dans lequel il sera possible de travailler, de consommer, de se divertir, bref, de mener une vie parallèle.
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En changeant de nom, le groupe réaffirme son sérieux dans son intention de mener à bien ce projet qui a tant fait parler (et rire). Le geste entérine en fait du même coup la réorientation stratégique entamée par la société depuis plusieurs années. Si le projet métavers est, en effet, débattu depuis peu, Zuckerberg investit massivement dans le matériel de réalité virtuelle depuis déjà plusieurs années, et entend bien devenir un acteur majeur du marché des casques. La société compte déjà plus 10 000 personnes – soit le double d’employés de Twitter – travaillant sur les sujets de réalité augmentée et de réalité virtuelle.
Meta n’entend plus se cantonner aux réseaux sociaux. Pourquoi ? Bien qu’encore très puissant aujourd’hui, les réseaux sociaux, tels qu’ils existent aujourd’hui, vieillissent – surtout Facebook, déserté par les jeunes générations davantage attirées par des plateformes comme TikTok. Son hégémonie en danger, Meta veut en gagner une nouvelle en créant son propre monde métavers, et en devenant maître des systèmes d’exploitation liés à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée. Les applications contrôlées par Méta actuellement étant fortement dépendantes d’Apple et de Google, la société veut reprendre le pouvoir et fait le pari que ses casques VR et lunettes AR seront, un jour, aussi inévitables qu’un smartphone.
Meta à la tête du nouvel écosystème « métavers »
Changer de nom est une opération essentielle pour mener à bien ce projet. Comme le souligne le New York Times, c’est la stratégie qui fut adoptée Google. En appelant sa société mère Alphabet, la société a pu investir plus facilement dans des activités nouvelles et risquées. « Alphabet vaut aujourd’hui 1 500 milliards de dollars de plus qu’à l’époque où elle s’appelait officiellement Google », les auteurs de l’article.
Le métavers est une initiative à prendre très sérieux. Elle peut s’avérer fatale si elle échoue pour Meta et très dangereuse pour toutes celles et ceux qui sont amenés à y prendre part. Un métavers, entre les mains de Zuckerberg, est-il souhaitable ? Meta se propose en réalité de créer un monde qui absorberait toute notre vie, veut gérer en quelque sorte l’infrastructure numérique de la vie quotidienne et devenir le support qui imprègne toute notre existence. Le groupe ne veut plus seulement vivre de publicités, ni collecter des données : il veut posséder les serveurs et les infrastructures d’un nouveau monde numérique, le contrôler et le monétiser. Le problème avec un projet de si grande ampleur, c’est bien sûr sa gouvernance privée et les risques de monopoles. Et il faut s’en méfier.