Pour réduire sa dépendance énergétique à Moscou, l’Union européenne cherche à renforcer ses liens avec ses autres fournisseurs. Alger pourrait donc être amené à augmenter ses exportations vers l’Europe, mais cette décision ne devra pas être prise à la légère, au risque de froisser Moscou.
« Aubaine pour l’Algérie »
« Sur le plan économique et financier, se substituer au fournisseur russe est une véritable aubaine pour l’Algérie qui produit à l’heure actuelle 34,5 milliards de m3 de gaz, estime la chercheuse en économie politique Nassima Ouhab. Le pays figure parmi ceux les plus proches de l’Europe détenant des gazoducs déjà opérationnels, comme Transmed et Medgaz, par lesquels le gaz transite vers l’Italie et vers l’Espagne, assurant ainsi 11 % des besoins de l’Europe ».
En temps de crise le transport par méthaniers « serait la solution la plus adéquate, car les capacités de production algérienne ne sont pas pleinement exploitées à ce jour », explique la chercheuse algérienne. Et « pour garantir à l’Europe une fourniture en gaz, l’Algérie pourrait toujours compter, à long terme, sur son gaz non-conventionnel et en quantités importantes, sachant que l’Algérie compte parmi les cinq plus grandes réserves mondiales de gaz de schiste », insiste-t-elle.
Préserver la relation de confiance
Le géant public algérien des hydrocarbures Sonatrach « est un fournisseur fiable de gaz pour le marché européen et est disposé à soutenir ses partenaires de long terme en cas de situations difficiles », a tenu à rassurer le PDG du groupe, Toufik Hakkar.
Toutefois, « il n’est pas de l’intérêt de l’Algérie de prétendre à se substituer à la Russie », estime pour sa part Mourad Preure, spécialiste des questions énergétiques et ancien cadre de Sonatrach. L’Algérie et la Russie, bien que les deux pays soient des concurrents, entretiennent des relations de confiance. L’Algérie, sur le plan tactique, commettrait une erreur que de prétendre remplacer le gaz russe en Europe. Cela risque, in fine, de rompre une sorte de « gentlemen’s agreement » entre les deux pays producteurs ».