Jeudi 10 mars, le groupe Meta (maison mère de Facebook et Instagram) a annoncé que ses services de modération feraient preuve « d’indulgence pour des formes d’expression politique qui enfreindraient normalement nos règles sur les discours violents ».
Pas d’incitation contre les civils
« En raison de l’invasion russe de l’Ukraine, nous faisons preuve d’indulgence pour des formes d’expression politique qui enfreindraient normalement nos règles sur les discours violents telles que ‘mort aux envahisseurs russes’ », a fait savoir Andy Stone, responsable de la communication chez Meta.
« Nous continuons de ne pas autoriser des appels crédibles à la violence contre des civils russes », précise tout de même le responsable.
Inquiétude de l’ONU
« C’est très clairement un sujet très, très complexe, mais qui soulève des inquiétudes en matière de droits de l’homme et de droit humanitaire international», estime Elizabeth Throssel, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. L’ambiguïté de cette annonce « pourrait certainement contribuer à des discours haineux dirigés contre des Russes en général », explique madame Throssel, et « cela serait très inquiétant ».
« Nous allons les encourager à regarder de plus près les dégâts qui pourraient accompagner ce changement de politique », a ajouté la porte-parole, reconnaissant tout de même « que dans un conflit en cours, appeler à la violence contre ceux qui sont directement engagés dans les hostilités pourrait ne pas être prohibé ». Sous-entendu ; le Haut-Commissariat va sérieusement se pencher sur la question.
Rappel historique
« On observe à travers l’histoire que les actions violentes d’un pays contre un autre mènent à des appels à la violence, à l’intolérance ou à la haine contre les étrangers associés au pays agresseur, rappelle Emerson Brooking, chercheur siégeant à l’Atlantic Council. On peut penser aux persécutions aux États-Unis contre les Allemands pendant la Première Guerre mondiale ou contre les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale ».
