Pour Moscou, même le blé est une arme

Pour Moscou, même le blé est une arme

Vladimir compte bien utiliser tous les moyens à sa disposition pour faire plier l’Union européenne et la faire revenir sur les sanctions prises à l’encontre de la Russie. Pour ce faire, la menace constante d’une crise alimentaire mondiale et les millions de tonnes de céréales coincées dans les ports de la mer Noire sont des armes de choix. 

« Transit maritime sans entraves »

Lors d’un échange téléphonique avec le président turc, Recept Tayyip Erogan, lundi 30 mai, Vladimir Poutine a déclaré qu’il était prêt « à faciliter le transit maritime sans entraves des marchandises, en coordination avec les partenaires turcs ». « Cela s’applique également à l’exportation des céréales provenant des ports ukrainiens », a ensuite indiqué le Kremlin dans un communiqué.

De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a confirmé mardi 31 mai que son homologue russe, Serguei Lavrov, viendrait le 8 juin en Turquie « avec une délégation militaire pour discuter, entre autres, de l’instauration de corridors sécurisés pour le transport des céréales. C’est la question la plus importante ». Le ministre turc a également annoncé  vouloir « créer un centre d’observation des corridors à Istanbul », sans  préciser quelle serait exactement la forme de cette observation, ni quel rôle y jouerait la Turquie.

Mais l’offre russe n’est pas sans contrepartie, et est conditionnée à la levée des sanctions occidentales contre la Moscou. L’UE et les Etats-Unis « doivent annuler ces décisions illégales qui font obstacle au fret des navires, qui font obstacle à l’exportation des céréales », a ainsi demandé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, jeudi 26 mai. Le haut diplomate russe, Andreï Roudenko, a lui réclamé la levée des sanctions ainsi que « le déminage par Kiev » des ports de la mer Noire. 

Chantage russe

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a immédiatement dénoncé un terrible « chantage russe ». « On ne peut pas trouver un meilleur exemple de chantage dans les relations internationales. Si quelqu’un l’accepte, alors cette personne a un problème », a fustigé le ministre lors du Forum économique mondial à Davos, en Suisse.

Côté américain, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a accusé la Russie de « se servir de l’alimentation comme d’une arme ». « Et nous sommes évidemment en discussions avec nos partenaires et alliés internationaux sur la façon de répondre au mieux à tout ceci » a assuré le porte-parole, qualifiant les accusations russes d’infondées. 

Au Royaume-Uni, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a appelé mercredi la Russie à «  arrêter de voler » les céréales ukrainiennes. « J’appelle la Russie à faire ce qui est juste dans un esprit d’humanité et à laisser sortir les céréales d’Ukraine. Ne parlons pas de sanctions, parlons de faire ce qui juste pour les nations du monde entier », a ajouté monsieur Wallace. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a pour sa part accusé Moscou « d’armer la faim ». « Ce que nous ne pouvons pas avoir, c’est une levée des sanctions, un apaisement, qui rendra simplement Poutine plus fort à plus long terme », a prévenu la ministre.

Trahison de Rome

L’Italie s’est en revanche montrée bien plus conciliante que ses partenaires de l’Otan, le chef du gouvernement, Mario Draghi, s’étant dit favorable à une « collaboration entre la Russie et l’Ukraine » concernant « le déblocage des ports de la mer Noire, d’une part pour déminer ces ports et d’autre part pour garantir qu’il n’y ait pas d’accrochages pendant le déminage ». 

J’ai constaté du côté russe « une disponibilité à poursuivre dans cette direction », et j’appellerai le président ukrainien Volodymyr Zelensky « pour voir s’il existe une volonté similaire », a ajouté le Premier ministre italien, admettant tout de même avoir peu d’espoir concernant l’avenir : « Lorsqu’on me demande si j’ai vu des lueurs d’espoir pour la paix, la réponse est non ».

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