Russie : des semi-conducteurs recyclés pour faire des armes ?

Russie : des semi-conducteurs recyclés pour faire des armes ?

Selon les Etats-Unis, la Russie serait contrainte d’utiliser des semi-conducteurs récupérés dans des lave-vaisselle ou des réfrigérateurs pour la conception de ses nouveaux équipements militaires. En cause ? Les pertes considérables enregistrées sur le front, une forte consommation en munitions, une pénurie mondiale de semi-conducteurs, et surtout les sanctions économiques contre Moscou.

Double peine

« Des rapports nous ont indiqué que les Ukrainiens ont trouvé des équipements militaires russes sur le front remplis de semi-conducteurs retirés de lave-vaisselle et de réfrigérateurs », a déclaré la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, lors d’une audience devant le Sénat.

En cause, selon madame Raimondo, la pénurie mondiale de semi-conducteurs associée aux sanctions contre Moscou, une double peine qui prive la Russie des composants nécessaires à la conception de ses armes. En effet, les semi-conducteurs sont essentiels pour la conception des missiles de précision (de croisière, semi-balistiques, balistiques, hypersoniques ou non) dont la Russie fait un usage abusif en Ukraine, et le renouvellement de ces stocks est primordial si Moscou veut pouvoir continuer la guerre d’usure qu’il a entamée en Ukraine. 

Toutefois, il s’avère que les Russes « ont déjà du mal à les remplacer », affirme un haut responsable du Pentagone, car ces missiles nécessitent des matériaux que la Russie importe, essentiellement des pays occidentaux. « Nous pensons que les sanctions et les restrictions aux exportations, notamment en matière de composants électroniques, ont un effet sur le secteur de l’industrie de défense russe », ajoute ce haut gradé. 

« L’exportation de technologies américaines vers la Russie a ainsi chuté de près de 70% depuis le début des sanctions prises en février », rappelle pour sa part Gina Raimondo, selon qui deux fabricants russes de chars de combat auraient stoppé leur production en raison d’une pénurie de semi-conducteurs.

« La pénurie de puces alimente l’inflation. La demande est en hausse de 20%, et l’offre ne suit pas. Les puces sont utilisées dans les équipements de sauvetage des hôpitaux. Des vies sont en jeu », a également tenu à rappeler la secrétaire au Commerce. 

Colosse aux pieds d’argiles

Cette pénurie révélée aux yeux du monde fait perdre toute crédibilité à la Russie, qui s’efforce jour après jour de faire étalage de sa puissance en pilonnant l’Ukraine de bombes, mais surtout de missiles. Car Moscou ne lésine par sur les moyens pour impressionner ses adversaires. 

L’armée russe a notamment, et sans aucune obligation tactique, utilisé pour la première fois le missile hypersonique Kinjal le 18 mars dernier, pour détruire un simple dépôt de munition. La frappe avait été jugée irraisonnée à l’époque au vu du coût de ces missiles, mais apparaît aujourd’hui complètement absurde si la Russie n’est pas en mesure de renouveler ses stocks. 

Le 20 avril 2022, Vladimir Poutine a ensuite choisi le contexte très tendu de guerre en Ukraine pour annoncer le premier essai réussi du Sarmat (surnommé Satan 2 par les occidentaux), un missile gigantesque capable d’emporter dix têtes nucléaires de forte puissance, et évidemment très couteux en semi-conducteurs. « C’est véritablement une arme unique qui va renforcer le potentiel militaire de nos forces armées, qui assurera la sécurité de la Russie face aux menaces extérieures et qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer notre pays avec une rhétorique déchaînée et agressive », avait alors déclaré Vladimir Poutine. « Je souligne que seuls des assemblages, des composants et des pièces de fabrication nationale ont été utilisés pour la création du Sarmat », avait également souligné le président russe. A voir, donc, si la conception de ce missile souffrira ou non de la pénurie.

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