L’Europe en pleine guerre du gaz

L’Europe en pleine guerre du gaz

La Russie est bien décidée à utiliser le gaz pour faire pression sur l’Union européenne, et ce dès aujourd’hui, pour empêcher les pays membres de remplir leurs stocks avant l’hiver. Le Kremlin cherche à susciter la panique dans l’opinion européenne, Allemagne en tête. 

« Attaque économique de Poutine »

« La Russie n’a pas beaucoup d’atouts dans sa main. Mais le gaz est une carte que le Kremlin a. Si Moscou peut nuire à l’économie de l’Union européenne, cela peut ébranler le soutien public au financement de l’effort de guerre de l’Ukraine. Si l’Europe parvient à ses objectifs de remplissage de ses stocks, les pays européens continueront vraisemblablement à envoyer de l’argent et des armes à Kyiv », explique Alexander Gabuev, du think tank américain Carnegie.

Et le Kremlin a d’ores et déjà dévoilé son jeu, selon le vice-chancelier allemand Robert Habeck. « Il ne faut pas se raconter d’histoires. Couper les approvisionnements gaziers est une attaque économique de Poutine contre nous.  Nous allons connaître un chemin cahoteux. Même si vous ne le sentez pas encore, nous sommes dans une crise gazière », assure monsieur Habeck. « L’ensemble du marché risque de s’effondrer à un moment donné », insiste-t-il. Ce sera « un moment Lehman dans le système énergétique ».

« Plus nous approchons de l’hiver, plus nous comprenons les intentions de la Russie. Je pense que les coupures visent à éviter que l’Europe ne remplisse ses capacités de stockage et à accroître l’influence de la Russie pendant les mois d’hiver», décrypte le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, le turc Fatih Birol. « L’Europe devrait être prête au cas où le gaz serait totalement coupé  », prévient-il.

Bruxelles doit tenir

Les experts s’accordent à dire que le partage de l’énergie va mettre à l’épreuve le principe de solidarité qui gouverne l’Union européenne. En effet, le plus important pays de l’union, l’Allemagne, étant également le plus gros consommateur de gaz russe, il ne pouvait en être autrement. « Si l’Allemagne dit dès aujourd’hui qu’ils vont faire face à une pénurie de gaz cet hiver, l’impact va être énorme pour l’Allemagne mais aussi pour tous les autres pays européens », prévient le premier ministre belge, Alexander De Croo.

« Il faut établir des règles de partage de l’énergie. Ma crainte est que la solidarité européenne ne soit mise à rude épreuve si nous ne réglons pas le problème avant que la situation. Si on ne le fait pas, on terminera dans le chaos », abonde le dirigeant du groupe énergétique allemand RWE, Markus Krebber.

Les Européens doivent donc impérativement trouver de nouveaux fournisseurs, mais l’hiver approche, et rien n’est joué. Les fournisseurs ont conscience de la précarité énergétique de l’Europe, et comptent bien en tirer avantage. « Sur le gaz, nous allons voir si nous pouvons trouver de nouvelles solutions avec la Norvège, ou avec l’Algérie, ou avec le gaz naturel liquéfié, ou avec les États-Unis. Mais ce sont des temps très incertains, surtout quand on commence à parler prix », explique le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel.

« Aujourd’hui, les sanctions énergétiques pénalisent l’Europe, pas la Russie », résume l’ancien oligarque russe Mikhail Khodorkovsky. « Le problème est que les dirigeants occidentaux actuels n’ont jamais discuté avec un gangster. Vous ne pouvez seulement commencer à discuter avec lui que quand il sent qu’il est en position de faiblesse », illustre-t-il. Autrement dit, il ne faut surtout rien lâcher  ! 

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