Mardi 14 juin, le groupe technologique français Atos a présenté son nouveau plan stratégique à ses investisseurs. Il en résultera la scission du groupe en deux sociétés cotées. L’une, regroupant les activités historiques du groupe, conservera le nom d’Atos, tandis que l’autre, baptisée Evidian, se concentrera sur la transformation digitale et la cybersécurité.
Changement de direction
« Le conseil d’administration a considéré que la meilleure option était de séparer le groupe en deux sociétés, qui auront chacune leur indépendance, leur logique stratégique, leur conseil d’administration et leur management » , a déclaré mardi le directeur général du groupe, Rodolphe Belmer.
Un management dont le DG s’exclut lui-même, puisque cette scission, résultante de « la décision souveraine du conseil d’administration », n’était pas son idée. Suite à la nomination des deux directeurs généraux des sociétés nouvellement créées, Nourdine Bihmane et Philippe Oliva, « ma position de directeur général va devenir superflue », a simplement déclaré Rodolphe Belmer pour annoncer son départ, qui devrait intervenir « au plus tard le 5 septembre ».
Le départ de monsieur Belmer ne devrait toutefois pas se faire sans les dédommagements habituels. L’assemblée générale des actionnaires a en effet accordé au directeur sortant un « parachute » en cas de départ au cours des trois premières années à la suite d’une scission ou d’une fusion, que le DG a lui-même décidé de limiter à neuf mois de salaires.
Stratégie très discutée
Mais le départ du directeur général est également dû à des tensions avec le président du groupe, Bertrand Meunier. En effet, alors que celui-ci louait en automne dernier « la capacité de Rodolphe Belmer à diriger des transformations complexes », les relations entre les deux hommes n’ont fait que se dégrader depuis. « Les tensions ont été énormes », assure même une source proche du dossier.
« Nous avons débattu d’un grand nombre de scénarios. C’est le fonctionnement sain d’un conseil d’administration, explique Rodolphe Belmer. La décision du conseil d’administration est souveraine. Et c’est le rôle de la direction de l’exécuter».
De son côté, l’Etat admet suivre de près l’évolution de la situation. « L’État suit avec attention le dossier, assure-t-on dans l’entourage du ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Nous sommes bien entendu attentifs à l’actionnariat de l’entreprise (…) stratégique à de multiples égards pour la France ».
Répercussions sur la bourse
Preuve que la nouvelle stratégie ne fait pas que des heureux, le titre a chuté de 23,6 % mardi à la Bourse de Paris. « Pourquoi le directeur général d’Atos annonce-t-il son départ le jour même du lancement d’un plan de transformation essentiel pour l’avenir du groupe ? », fulmine un trader qui prétend avoir perdu plusieurs millions d’euros.
Mais les professionnels ne sont pas les seules victimes. En effet l’action, qui a perdu plus de 60 % depuis le début de l’année, avait attiré plusieurs investisseurs amateurs qui pensaient avoir flairé un bon coup. « J’avais mis toutes mes économies sur Atos. Un nom comme ça ne pouvait pas faire faillite, se lamente Maxime, de Rennes. Mais c’est le jeu. Je vais tout de même conserver mes titres, si la scission me le permet, et voir où cela mène ».