Vendredi 22 juillet, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi « pouvoir d’achat » grâce au soutien des Républicains et du Rassemblement national. Une victoire pour la LaREM, qui a réussi à bâtir une « majorité de projet ».
« Il nous suffit de dealer »
A peine sortie de l’hémicycle, la Première ministre est passée devant les caméras pour saluer l’efficacité du gouvernement. « L’esprit de responsabilité l’a emporté pour protéger nos concitoyens des conséquences de l’inflation, s’est félicitée Élisabeth Borne. Bâtir des majorités de projets, nous y sommes parvenus ».
Pourtant le défi ne semblait pas colossal à relever, selon l’un des cadres de Renaissance (nouveau nom de LaREM) interrogé quelques jours avant le vote. « Il nous manque entre 30 et 40 voix au maximum, estimait ce député. Avec le jeu des abstentions, il nous suffit de dealer avec un des groupes d’opposition pour que ça passe. » Deal réussi donc.
Pour sa part, le Rassemblement national a soutenu le projet car certaines de ses mesures représentent « de maigres mais réels petits gains de pouvoir d’achat », s’est expliqué le député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy. Nous ne voulions pas que des amendements « qui auraient pu être utiles » soient abrogés. Maintenant « nous pouvons dire aux Français en les regardant droit dans les yeux que nous avons tenté de faire le maximum », insiste-t-il.
« La gauche n’a pas été au rendez-vous »
Ce qui est sûr, c’est que la majorité n’a pas essayé de dealer avec la gauche. « Ce qui m’étonne, c’est que la gauche n’a pas été au rendez-vous du tout », a dénoncé Aurore Bergé, patronne du groupe Renaissance, à l’issue du vote.
Mais madame Berger jouait assurément trop dans le camp de la droite, dont elle a approuvé l’idée d’une réduction de 30 centimes du prix à la pompe, pour pouvoir discuter avec la Nupes. « Si, pour aboutir sur ce texte et mieux protéger les Français, il vaut mieux abandonner l’idée immédiate d’une mesure ciblée pour permettre d’avoir une ristourne pour l’ensemble des Français sur le prix payé à la pompe, alors oui, ça sera à nous de faire cet effort », avait-elle déclaré avant le vote.
D’ailleurs, la majorité souhaitait-elle vraiment ne serait-ce que discuter avec la gauche ? Pas du tout, selon la députée Renaissance Christine Le Nabour-Cloarec. « Nous n’avons jamais dit que nous voulions faire des compromis avec vous », assume-t-elle.
Colère de la Nupes
« La Macronie et le RN votent la loi de baisse de pouvoir d’achat, a immédiatement dénoncé la présidente du groupe de LFI, Mathilde Panot. Ces gens ont des porte-monnaie à la place du cœur ! »
C’est un « enfumage », une « escroquerie », une « déclaration de guerre aux salaires», ont lancé les députés de gauche dans l’hémicycle. En effet, ce projet de loi « protège surtout les ultra riches et les multinationales, dispensés de partager les richesses », ainsi qu’« un système productiviste écocide en le dopant au gaz de schiste », a ensuite dénoncé le député LFI Bastien Lachaud.
La colère des élus de gauche était telle qu’ils auraient lancé « invectives, interpellations et insultes » à leurs opposants, selon Aurore Bergé. « En moins d’une semaine, l’Assemblée nationale est devenue un foutoir, une salle de meeting incontrôlable où la Nupes se croit tout permis, sans respect. Ça va mal finir », prévient le député Renaissance Karl Olive.