Meta devient expert en traduction

Meta devient expert en traduction

Facebook, dont la maison mère se nomme désormais Meta, a développé une intelligence artificielle capable de traduire 200 langues et dialectes. Le groupe a également annoncé vendredi 8 juillet avoir ajouté l’Inuktitut, un dialecte inuit, aux langues disponibles sur Facebook. 

77 langues de plus que Google

Pour toucher un public toujours plus large, Meta se sert de tous les outils à sa disposition, et porte donc une attention toute particulière au langage. A ce propos, le groupe a annoncé mercredi 6 juillet avoir développé un modèle d’intelligence artificielle (IA) « unique », apparemment capable de traduire 200 langues différentes. Une prouesse, puisque le traducteur de son concurrent Google n’en traduit que 133. 

Le travail de Meta est d’autant plus impressionnant que le groupe se distingue en investissant dans des langues «  à faibles ressources digitales », comme « certaines langues africaines, d’Asie du Sud-Est et indiennes », relève l’experte en économie numérique et des Gafam, Asma Mhalla. « C’est une façon de redynamiser le groupe en passant par les langues, alors qu’il est en perte de vitesse dans certaines zones du monde ».

Selon la professeure, l’augmentation du nombre de langues disponibles et la rapidité de traduction servent avant tout le projet du « métavers », le monde virtuel voulu et développé par Mark Zuckerberg.  «  Avec le traducteur, le but est d’intégrer cet enjeu des langues à ce métavers en développement. Afin de proposer un catalogue de langues prêtes à l’emploi, dans un espace en cours de façonnement », explique l’experte. Il s’agit d’une histoire vieille comme le monde, selon Asma Mhalla, qui rappelle que la conquête (quelle qu’elle soit) passe avant tout par la langue.

Disponible en inuktitut

La dernière langue ajoutée par Facebook à son catalogue est l’Inuktitut, un dialecte des Inuits de l’Arctique oriental canadien, dont la traduction a fait l’objet d’une étroite collaboration avec Nunavut Tunngavik (NTI), l’organisme représentant les Inuits du Nunavut (territoire canadien). «  Les Inuits, canadiens mais pas seulement, sont très friands de Facebook, le fait que le réseau social  »reconnaisse » dorénavant l’inuktitut ne peut pas faire de mal », estime Marc-Antoine Mahieu, professeur à l’Inalco.

Et comme pour l’IA capable de traduire 200 langues, l’intérêt ici est encore de toucher le plus de monde possible.  «  Les langues sont de vrais enjeux pour le groupe Meta. Avec celles-ci, le but est de taper sur une surface d’acquisition toujours plus large », insiste Asma Mhalla. «  Depuis le départ, le récit voulu par Meta est de connecter le monde avec, en réalité, des enjeux plus cyniques derrière. Notamment, celui de pénétrer des marchés rapidement et de les façonner à son image », ajoute-t-elle. 

Toutefois, l’ajout du dialecte sur Facebook pourrait avoir des conséquences inattendues. Bien loin de revitaliser la langue, celle-ci pourrait au contraire perdre des locuteurs. « Concernant la langue Inuktitut, on peut se demander si ce changement contribuera réellement à la vitalité de la langue. L’enjeu à l’heure actuelle est que les jeunes continuent de parler entre eux en inuktitut, plutôt que de l’abandonner au profit de l’anglais dans leurs interactions orales », précise Marc-Antoine Mahieu. Or, « d’une région à l’autre, on parle et on écrit différemment la langue. Pour Facebook, c’est le dialecte du sud de l’île de Baffin qui a été retenu. Cela veut dire, concrètement, que les locuteurs des autres dialectes risquent de ne pas se reconnaître dans la variété d’inuktitut utilisée par le réseau social ». 

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