Mardi 12 juillet, Twitter a engagé des poursuites contre Elon Musk pour le contraindre à tenir son engagement de rachat convenu fin avril. Il reviendra donc à un juge d’une cour spécialisé en droit des affaires de l’État du Delaware de déterminer si le multimilliardaire peut, ou non, se retirer de l’accord.
« Modèle d’hypocrisie »
« La stratégie de sortie d’Elon Musk est un modèle d’hypocrisie » et un « modèle de mauvaise foi ». Ainsi commence la plaidoirie des avocats de Twitter.
« Musk refuse d’honorer ses obligations à l’égard de Twitter et de ses actionnaires parce que l’accord qu’il a signé ne sert plus ses intérêts personnels. Après avoir monté tout un spectacle pour faire de Twitter une cible, et après avoir proposé puis signé un accord de fusion, Musk a l’air de croire qu’il est libre, contrairement à toute partie engagée par un contrat suivant la loi du Delaware, de changer d’avis, de diffamer l’entreprise, de perturber ses activités, de détruire la valeur de son action, et de s’en laver les mains », attaquent d’entrée les juristes dans leur communiqué.
« Le comportement de Musk confirme simplement qu’il voulait se sortir d’un contrat qu’il a signé librement, et nuire à Twitter dans le même temps », poursuit le texte. « Il a prétendu ‘suspendre’ l’accord en attendant de satisfaire des conditions imaginaires, failli à son obligation de trouver des financements, enfreint son devoir de réserve et utilisé des informations confidentielles à de mauvaises fins », listent ensuite les avocats.
Elon Musk « n’a pas employé les moyens nécessaires pour réaliser l’acquisition ». Au lieu de cela, il a « agi contre cet accord depuis que le marché a commencé à tourner, et a violé l’accord à plusieurs reprises au cours du processus », poursuit le texte. En conséquence, « Twitter a subi et va continuer à subir des dommages irréparables à cause de ces infractions ».
« Oh l’ironie lol »
Dès que la Bourse a commencé à décliner, Elon Musk « a changé son récit, exigeant soudainement une “vérification” que les spams n’étaient pas un problème sérieux sur la plate-forme de Twitter », ajoutent les avocats de l’oiseau bleu.
De son côté, le milliardaire assume sa requête, attendant toujours que Twitter lui fournisse cette vérification. « Oh l’ironie lol », a-t-il raillé mardi sur Twitter : « Ils ont dit que je ne pouvais pas acheter Twitter. Ensuite ils ont refusé de révéler les informations sur les faux comptes. Maintenant ils veulent me forcer à racheter Twitter au tribunal. Maintenant ils sont obligés de révéler les informations sur les faux comptes ».
« Soap opera sans vainqueur »
Et comme Elon Musk, du côté de Twitter non plus les dirigeants ne semblent rien vouloir lâcher. Le Conseil d’administration est « déterminé à conclure la transaction au prix et aux termes convenus », a déclaré vendredi le président de Twitter, Bret Taylor.
Toutefois, au vu de la situation actuelle, même si Twitter semble avoir l’avantage sur le plan légal et que l’affaire puisse encore se régler de différentes manières, les experts s’accordent à dire qu’il n’y aura aucun vrai gagnant.
« Il y a tout un éventail d’issues possibles, explique l’analyste Dan Ives : un accord négocié entre les parties pour éviter le procès, le paiement des indemnités de rupture, l’application du contrat et une myriade d’autres possibilités ». Toutefois, « Musk a (déjà) un oeil au beurre noir et Twitter (et ses employés) vivent un film d’horreur » ajoute Dan Ives. « C’est un soap opera sans vainqueur ».