Jeudi 25 août, la plateforme européenne Aggregated Gas Storage Inventory (AGSI) a annoncé que la France était en avance sur ses objectifs de remplissage de gaz, ses cuves étant pour l’heure remplies à hauteur de 90,06 % de leur capacité.
Objectif de 100% au 1er novembre
Début août, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait assuré que les réserves stratégiques de gaz seraient remplies à 100% avant le 1er novembre que l’objectif du gouvernement était de remplir les stocks à 100% « avant le premier novembre », contre les 85% exigés à cette date en temps normal.
La promesse de la ministre est donc en bonne voix pour être tenue, puisque les cuves sont d’ores et déjà remplies à hauteur de 90,06 % de leur capacité. Plus exactement, les réserves de Teréga, l’un des deux gestionnaires du gaz en France, sont remplies à hauteur de 91,21%, alors que celles de Storengy, filiale d’Engie, sont à 89,67% de leur capacité, selon l’AGSI.
La France moins mal lotie que certains
L’objectif sera donc atteint, et heureusement, car « c’est sur la question du gaz russe que se jouera une partie de la croissance en Europe dans les mois qui viennent » a rappelé mercredi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. « Tout va dépendre des décisions de Vladimir Poutine sur le gaz, explique le ministre. Si jamais il décide de couper le gaz pour l’UE et la zone euro, nous évaluons l’impact sur la croissance, pour la seule France, à un demi-point de PIB, et sans doute davantage pour d’autres économies plus dépendantes du gaz russe que nous ».
En effet, la France est dans une situation plus « favorable » que certains de ses voisins, seulement cinq pays européens sur 27 ayant atteint les 90% de remplissage de leurs stocks : le Portugal (100%), la Pologne (99,56%), la Suède (90,8%), le Danemark (93,76%) et la France (90,06 %). En revanche, tous les pays ont désormais dépassé les 50% : parmi eux, la Lettonie et la Bulgarie sont les moins bien pourvues, avec respectivement 55% et 59% de remplissage, alors que l’Allemagne est à 81,07%.
Faible risque de coupure
Mais avance sur les objectifs de remplissage ou non, des cuves remplies à 100% seront loin d’être suffisantes pour passer l’hiver, ces réserves équivalant à seulement 25 % de la consommation annuelle de gaz en France. Malgré tout, le risque de coupure chez les particuliers semble faible.
« C’est la première fois que je pense qu’une rupture d’approvisionnement peut arriver », admet Anna Creti, professeur d’économie à Paris Dauphine, spécialiste des questions énergétiques. Mais même si coupure il y a, le risque pour les particuliers est très faible. « Selon les règles en vigueur, le consommateur est protégé au maximum », explique l’experte.
Les industriels, en revanche, seront plus exposés. « Tous leurs contrats prévoient des jours d’interruptions en cas de saturation. Ce n’est jamais utilisé habituellement, mais cette année pourrait être la première », prévient Anna Creti. « Les prix de l’énergie pourraient tellement augmenter les prochains mois que certains distributeurs vont estimer plus rentable de tout couper, plutôt que de vendre à perte », avance la chercheuse.