Macron veut renouer avec l’Algérie

Macron veut renouer avec l’Algérie

Jeudi 25 août, Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie pour une visite de trois jours. Il passera par Alger et Oran, où il tentera de renouer de bonnes relations avec ce voisin du sud, par ailleurs septième exportateur mondial de pétrole.

« Sécuriser le quota de gaz »

Officiellement, la question énergétique n’est « vraiment pas l’objet » de ce déplacement, et « il n’y aura pas d’annonces de grands contrats ou de grandes négociations », a fait savoir l’Elysée dans un communiqué. Mais la présidence ne trompe personne. 

« L’élément gazier est central dans les motivations du président, affirme Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève. La France ne veut pas être en retrait de ce qui se joue entre Alger, Rome et d’autres capitales. Le président Macron veut sécuriser le quota de gaz algérien qui lui est réservé et, pourquoi pas, négocier plus ».

Mais le chercheur admet tout de même que cette visite ne se résume pas au gaz. «On ne se déplace pas avec une délégation de 70 personnes uniquement pour du gaz», reconnaît Hasni Abidi. Il y a d’ailleurs, forcément une autre raison, puisque «l’Algérie n’a pas de quantité supplémentaire de gaz à exporter à court termeElle exporte déjà ce qu’elle peut exporter et la consommation intérieure augmente de 7  % par an», rappelle Ihsane El Kadi, directeur des médias indépendants Radio M et Maghreb émergent. Le président français a «bien compris qu’il fallait repartir du sommet pour relancer le partenariatEn bon politique, il a décidé de faire le pas», pointe le journaliste. 

« Une fenêtre s’ouvre et Macron veut la saisir, abonde Hasni Abidi.  Il n’y aura pas de miracles, mais cette visite a le mérite d’insuffler une nouvelle vie dans une relation paralysée depuis plusieurs années  ».

Eviter les sujets qui fâchent 

Emmanuel Macron a décidé de s’adresser à « toute l’Algérie », en promouvant une relation franco-algérienne « orientée vers l’avenir », a fait savoir l’Elysée. Autrement dit, oublions le passé.

« C’est du Macron pur jus, estime Hasni Abidi. Il a toujours fait comme ça, et notamment en Afrique. Il a tendance à privilégier les questions non clivantes aux sujets de fond. Dans ce voyage, on n’abordera pas vraiment les questions qui fâchent ».

« Macron veut s’adresser à l’Algérie de demain mais attention, prévient Ihsane El Kadi, l’avenir algérien, ce n’est pas la start-up, le break dance et Disco Maghreb. C’est aussi les 300 jeunes hirakistes en prison, les journalistes poursuivis et ce cri pour la liberté bâillonné depuis deux ans. Il ne peut pas complètement l’occulter ».

Et il ne l’occulte pas, selon l’Elysée. « Dans l’ensemble de ses déplacements, le président de la République aborde, dans le plein respect de la souveraineté du pays, ce type de questions. Donc il aura l’occasion d’en parler, selon les modalités qu’il décidera », a fait savoir la présidence dans un communiqué. 

Intérêt algérien

Ce rapprochement est perçu d’un bon œil par Alger, qui a également beaucoup à y gagner. « Avec cette visite, l’Algérie signe son retour sur la scène internationale, explique Hasni Abidi. Macron offre à Tebboune l’acceptabilité internationale qui lui manque ».

« Mal élu » et « installé par une fraction de l’armée », le président algérien souffre d’une « blessure jamais refermée », abonde Ihsane El Kadi. « Paris vient régler des dossiers et Tebboune a besoin d’être sur la photo », résume le journaliste.

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