La production d’huile réduite de moitié cette année

La production d’huile réduite de moitié cette année

La sécheresse qui frappe actuellement toute la France met en péril la culture des olives. Les chaleurs sont telles que ce fruit, d’ordinaire si friand du climat méditerranéen chaud et sec, n’y résiste pas. Les oléiculteurs français, en grande difficulté, s’entendent à une récolte « réduite de moitié ».

Manque de pluie

Nous assistons à une « saison 2022 marquée par des records de chaleur et de précocité », alors que les vagues de chaleur « se succèdent et ont eu un effet néfaste fréquent sur la production », a fait savoir l’Association française interprofessionnelle de l’olive (Afidol) dans son bulletin pour la période juin-juillet. « La sécheresse s’aggrave sur la région SUD et le manque de pluies hivernales a fragilisé certaines ressources locales », ajoute le document.

« On s’attend à une récolte réduite de moitié cette année », déplore Laurent Bélorgey, président de l’association interprofessionnelle oléicole France Olive, qui s’inquiète des rendements des prochaines récoltes en octobre. D’ailleurs, plus que les chaleurs, c’est le manque de pluie dont souffrent les oliviers. « On a déjà eu des années exceptionnellement chaudes auparavant, mais là c’est différent. La sécheresse est survenue au moment de la floraison et elle s’éternise, or seulement 20% de nos cultures sont irriguées en France. C’est la première fois qu’on voit cela se produire à cette échelle », explique Laurent Bélorgey.

Faible risque de pénurie

« En plus de l’inflation généralisée, les oliviers sont victimes du réchauffement climatique depuis une dizaine d’années, ce qui renchérit mécaniquement les prix de l’huile d’olive», rappelle Bruno Parmentier, économiste spécialisé dans les questions agricoles et alimentaires.

Toutefois, malgré la hausse des prix, le risque de pénurie est à écarter, selon Olivier Nasles, président du Syndicat des producteurs d’huile AOP de Provence. « On (les oléiculteurs français) ne pèse que 4% dans l’huile d’olive consommée en France, le plus grand exportateur reste l’Espagne. Même s’ils ont également des difficultés, je m’attends à ce que les stocks puissent compenser les mauvaises récoltes pour remplir les rayons de magasins cette année. On ne saura qu’en décembre si nos résultats ont été si catastrophiques », nuance le professionnel. Laurent Bélorgey, en revanche, est plus pessimiste, affirmant que les producteurs manqueront bientôt d’huile « pour alimenter les marchés ».

Mais quel que soit leur désaccord, les deux professionnels s’accordent tout de même sur l’importance de l’augmentation des prix, qu’ils estiment entre 15 et 30 %. « Nos consommateurs sont très peu sensibles aux variations des prix de l’alimentaire. À 28 euros le litre d’huile d’olive française, c’est surtout des classes aisées qui s’en procurent, les autres se rabattent sur l’huile espagnole, trois fois moins chère. C’est possible qu’on prenne un ou deux euros le litre, mais ce n’est pas ça qui va impacter la demande », relativise toutefois Olivier Nasles.

Impact de la guerre

Mais la chaleur et le manque de pluie ne sont pas les seuls responsables. En effet, outre la sécheresse, l’inflation est également due à la guerre en Ukraine, qui a entraîné une hausse des prix du carburant, entre autre. 

« Il nous a aussi fallu prendre en compte l’augmentation du coût de l’essence pour les transports, de l’électricité pour les moulins et du gaz pour les engrais, explique Olivier Nasles. On a également dû répercuter l’augmentation du prix des matières dites sèches, comme le verre qui compose nos récipients, qui a augmenté de 30%. Cela est dû à des pénuries car des verreries en France ont fermé. Certaines se trouvaient aussi en Ukraine ».

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